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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

giques qui a le plus souvent traité des sujets modernes. Il s’est servi, pour émouvoir, du christianisme et de la chevalerie, et si l’on est de bonne foi, l’on conviendra, ce me semble, qu’Alzire, Zaïre et Tancrède font verser plus de larmes que tous les chefs-d’œuvre grecs et romains de notre théâtre. Dubelloy, avec un talent bien subalterne, est pourtant parvenu à réveiller des souvenirs français sur la scène française ; et quoiqu’il ne sût point écrire, on éprouve, par ses pièces, un intérêt semblable à celui que les Grecs devoient ressentir quand ils voyoient représenter devant eux les faits de leur histoire. Quel parti le génie ne peut-il pas tirer de cette disposition ? Et cependant il n’est presque point d’événements qui datent de notre ère dont l’action puisse se passer ou dans un même jour, ou dans un même lieu ; la diversité des faits qu’entraîne un ordre social plus compliqué, les délicatesses de sentiment qu’inspire une religion plus tendre, enfin, la vérité de mœurs qu’on doit observer dans les tableaux plus rapprochés de nous, exigent une grande latitude dans les compositions dramatiques.

On peut citer un exemple récent de ce qu’il