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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/76

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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

heurs mêmes qui en résultent pour sa famille : il importe de nous rappeler combien les événements publics peuvent déchirer les affections privées ; et cette manière de présenter la politique comme un monde à part dont les sentiments sont bannis est immorale, dure et sans effet dramatique.

Une circonstance de détail a été blâmée dans la pièce française. Personne n’a nié que les adieux d’Alfred (Max. Piccolomini) en quittant Walstein et Thécla ne fussent de la plus grande beauté ; mais on s’est scandalisé de ce qu’on faisoit entendre à cette occasion de la musique dans une tragédie : il est assurément très-facile de la supprimer ; mais pourquoi donc se refuser à l’effet qu’elle produit ? Lorsqu’on entend cette musique militaire qui appelle au combat, le spectateur partage l’émotion qu’elle doit causer aux amants menacés de ne plus se revoir : la musique fait ressortir la situation ; un art nouveau redouble l’impression qu’un autre art a préparée ; les sons et les paroles ébranlent tour à tour notre imagination et notre cœur.

Deux scènes aussi tout-à-fait nouvelles sur notre théâtre ont excité l’étonnement des lecteurs français : lorsqu’Alfred (Max.) s’est fait