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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

tutions héréditaires, contre lesquelles beaucoup de gens en France sont armés, parce que les privilèges et les prétentions des gentilshommes y ont blessé profondément la nation entière. M. Necker fit de vains efforts néanmoins pour prouver aux communes, que changer la noblesse conquérante en magistrature patricienne, c’étoit le seul moyen de détruire radicalement la féodalité ; car il n’y a de vraiment détruit que ce qui est remplacé. Il essaya de démontrer aussi aux démocrates qu’il valoit beaucoup mieux procéder à l’égalité en élevant le mérite au premier rang, qu’en cherchant inutilement à rabaisser les souvenirs historiques dont l’effet est indestructible. C’est un trésor idéal que ces souvenirs, dont on peut tirer parti en associant les hommes distingués à leur éclat. Nous sommes ce qu’étoient vos aïeux, disoit un brave général françois à un noble de l’ancien régime ; et c’est pour cela qu’il faut une institution où les anciennes tiges des races se mêlent aux nouveaux rejetons ; en établissant l’égalité par le mélange, on y arrive bien plus sûrement que par les tentatives de nivellement.

Cette haute sagesse, développée par un homme tel que M. Necker, parfaitement simple et vrai dans sa manière de s’exprimer, ne