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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

« On ne concevroit pas comment les biens des ordres qui ne sont plus seroient dus à ceux qui ne sont pas. » Les trois quarts des biens des prêtres leur ont été donnés par la couronne, c’est-à-dire, par l’autorité souveraine d’alors, non pas comme une faveur personnelle, mais pour assurer le service divin. Comment donc les états généraux, conjointement avec le roi, n’auraient-ils pas eu le droit de changer la manière de pourvoir à l’entretien du clergé ? Mais les fondateurs particuliers, dira-t-on, ayant destiné leur héritage aux ecclésiastiques, était-il permis d’en détourner l’emploi ? Quel moyen a l’homme d’imprimer l’éternité à ses résolutions ? Peut-on aller chercher dans la nuit des temps, les titres qui n’existent plus, pour les opposer à la raison vivante ? Quel rapport y a-t-il entre la religion et les chicanes continuelles dont la vente des biens nationaux est l’objet ? Les sectes particulières en Angleterre, et notamment celle des méthodistes, qui est très-nombreuse, fournissent avec ordre et spontanément aux dépenses de leur culte. Oui, dira-t-on ; mais les méthodistes sont très-religieux, et les habitans de la France ne feroient point de sacrifice d’argent pour leurs prêtres. Cette incré-