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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

croyance. C’étoit mettre l’intolérance politique à la place de l’intolérance religieuse. Une seule résolution ferme et juste devoit être prise par des hommes d’état dans cette circonstance ; il falloit imposer à chaque communion le devoir d’entretenir les prêtres de son culte ; l’assemblée constituante s’est cru plus de profondeur de vues en divisant le clergé, en établissant le schisme, et détachant ainsi de la cour de Rome ceux qui s’enrôloient sous les bannières de la révolution. Mais à quoi servoient de tels prêtres ? Les catholiques n’en vouloient pas, et les philosophes n’en avoient pas besoin ; c’étoit une sorte de milice discréditée d’avance, qui ne pouvoit que nuire au gouvernement qu’elle soutenait. Le clergé constitutionnel révoltoit tellement les esprits, qu’il fallut employer la violence pour le fonder ; trois évêques étoient nécessaires pour sacrer les schismatiques, et leur communiquer ainsi le pouvoir d’ordonner d’autres prêtres à leur tour : sur ces trois évêques, dont la fondation du nouveau clergé dépendait, deux, au dernier moment, furent près de renoncer à la bizarre entreprise que la religion et la philosophie condamnoient également.

L’on ne sauroit trop le répéter, il faut aborder sincèrement toutes les grandes idées, et se