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CONSIDÉRATIONS

garder de mettre des combinaisons machiavéliques dans l’application de la vérité ; car les préjugés fondés par le temps ont encore plus de force que la raison même, dès qu’on emploie de mauvais moyens pour l’établir. Il importoit aussi, dans le débat encore subsistant entre les privilègiés et le peuple, de ne jamais mettre les partisans des vieilles institutions dans une situation qui put inspirer aucune espèce de pitié ; et l’assemblée constituante excitoit ce sentiment en faveur des prêtres, du moment qu’elle les privoit de leurs propriétés viagères, et qu’elle donnoit ainsi à la loi un effet rétroactif. Jamais on ne peut oublier ceux qui souffrent ; la nature humaine, à cet égard, vaut mieux qu’on ne croit.

Mais qui enseignera la religion et la morale aux enfants, dira-t-on, s’il n’y a point de prêtres dans les écoles ? Ce n’étoit certainement pas le haut clergé qui remplissoit ce devoir ; et quant aux curés, ils sont plus nécessaires aux soins des malades et des mourans qu’à l’enseignement même, excepté dans ce qui concerne la connaissance de la religion ; le temps est passé où, sous le rapport de l’instruction, les prêtres étoient supérieurs aux autres hommes. Il faut établir et multiplier les écoles dans lesquelles, comme