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CONSIDÉRATIONS

gés qu’elle avoit renversés, de ne pas mettre au hasard tant de biens, formant le trésor de la raison humaine ; si l’inspiration de la pensée avoit révélé à quelque orateur, comment on alloit livrer le saint nom de la liberté à l’association funeste des plus cruels souvenirs, peut-être un seul homme eût-il fait reculer la destinée. Mais les applaudissemens ou les murmures des tribunes influoient sur des questions qui auroient dû être discutées dans le calme par les hommes les plus éclairés et les plus réfléchis. La fierté qui fait résister à la multitude est d’un autre genre que celle qui rend indépendant d’un despote ; néanmoins, le même mouvement de sang sert à lutter contre tous les genres d’oppression.

Il ne restoit plus qu’un moyen de réparer les erreurs des lois ; c’étoit le choix des hommes. Les députés qui devoient succéder à l’assemblée constituante pouvoient recommencer des travaux imparfaits, et rectifier par un esprit sage les fautes déjà commises. Mais d’abord on repoussa la condition de propriété, nécessaire pour resserrer l’élection dans la classe de ceux qui ont intérêt au maintien de l’ordre. Robespierre, qui devoit jouer un si grand rôle dans le règne du sang, s’éleva contre cette condi-