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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

tion à quelque degré qu’elle fut fixée, comme contre une injustice ; il mit en avant la déclaration des droits de l’homme relativement à l’égalité, comme si cette égalité, même dans son sens le plus étendu, admettoit la faculté de tout obtenir sans talent et sans travail. Car, s’arroger des droits politiques sans aucun titre pour les exercer, c’est aussi une usurpation. Robespierre joignoit de la métaphysique obscure à des déclamations communes, et c’étoit ainsi qu’il se faisoit de l’éloquence. On a composé pour lui de meilleurs discours quand il a été puissant ; mais pendant l’assemblée constituante personne ne faisoit attention à lui ; et, chaque fois qu’il montoit à la tribune, les démocrates de bon goût étoient bien aises de le tourner en ridicule, pour se donner l’air d’un parti modéré.

On décréta qu’une imposition d’un marc d’argent, c’est-à-dire, de cinquante-quatre livres, seroit nécessaire pour être député. C’en étoit assez pour provoquer des complaintes à la tribune sur tous les cadets de famille, sur tous les hommes de génie qui seroient exclus, par leur pauvreté, de la représentation nationale ; et cela ne suffisoit pas néanmoins pour bor-