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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

parti auroient admis seulement pour un jour, le gouvernement représentatif, s’il eût consisté dans quelques députés en robe blanche, qui seroient venus, la corde au cou, demander grâce pour la France. D’autres, d’un air plus doux, disoient, comme du temps de Bonaparte, qu’il falloit ménager les intérêts de la révolution, pourvu qu’on anéantît ses principes : ce qui vouloit dire simplement qu’on avoit encore peur des intérêts, et qu’on espéroit les affaiblir en les séparant des principes.

Est-ce ainsi que l’on doit traiter vingt-cinq millions d’hommes qui naguère avoient vaincu l’Europe ? Les étrangers, malgré, peut-être même à cause de leur victoire, montroient beaucoup plus d’égards à la nation françoise que ces journalistes qui, sous tous les gouvernemens, avoient été les pourvoyeurs de sophismes pour le compte de la force. Ces gazettes, dont le ministère étoit pourtant censé dicter l’esprit, attaquoient tous les individus, morts ou vivans, qui avoient proclamé les premiers les principes mêmes de la charte constitutionnelle ; il nous falloit supporter que les noms vénérés qui ont un autel dans notre cœur, fussent constamment insultés par les écrivains de parti, sans que nous pussions leur répondre,