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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

quer aux funérailles de Louis XVI, célébrées à Saint-Denis le vingt et un janvier ! Personne n’a pu voir ce spectacle sans émotion. Le cœur s’associoit tout entier aux souffrances de cette princesse, qui rentroit dans les palais, non pour jouir de leur splendeur, mais pour honorer les morts, et rechercher leurs sanglans débris. On a dit que cette cérémonie étoit impolitique, mais elle causoit un tel attendrissement, que le blâme ne pouvoit s’y attacher.

L’admission à tous les emplois est l’un des principes auxquels les François tiennent le plus. Mais, bien que ce principe fût consacré par la charte, les choix des ministres, dans la carrière diplomatique surtout, étoient exclusivement bornés à la classe de l’ancien régime. On introduisoit dans l’armée trop d’officiers généraux qui n’avoient jamais fait la guerre que dans les salons ; encore n’y avaient-ils pas toujours été vainqueurs. Enfin, il étoit manifeste que l’on n’avoit goût qu’à redonner les places aux courtisans d’autrefois, et rien ne blessoit autant les hommes du tiers état qui se sentoient du talent, ou qui vouloient développer l’émulation de leurs fils.

Les finances, qui agissent sur le peuple d’une façon immédiate, étoient gouvernées, sous quel-