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CONSIDÉRATIONS

ques rapports, avec habileté ; mais la promesse qui avoit été faite de supprimer les droits réunis ne fut point accomplie, et la popularité de la restauration en a beaucoup souffert.

Enfin, le devoir du ministère étoit, avant tout, d’obtenir que les princes ne se mêlassent en rien des affaires publiques, si ce n’est dans des emplois responsables. Que diroit-on en Angleterre, si les fils ou les frères du roi siégeoient dans le conseil, votoient pour la guerre et la paix, enfin participoient au gouvernement, sans être soumis au premier principe de ce gouvernement, la responsabilité, dont le roi seul est excepté ? La place convenable pour les princes, c’est la chambre des pairs ; c’est là qu’ils devoient prêter serment à la charte constitutionnelle ; ils l’ont prêté, ce serment, lorsque Bonaparte s’avançoit déjà sur Paris. N’étoit-ce pas reconnaître qu’ils avoient négligé jusqu’alors un grand moyen de captiver la confiance du peuple ? La liberté constitutionnelle est, pour les princes de la maison de Bourbon, la parole magique qui peut seule leur ouvrir la porte du palais de leurs ancêtres. L’art qu’ils pourroient mettre à se dispenser de la prononcer seroit bien facilement remarqué ; et ce mot, comme les images de Brutus et de Cas-