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envoie, retourne en France pour ramener celles que l’on enverra celle année. Il faudrait fortement recommander que l’on choisit des filles qui n’aient aucune difformité naturelle, ni un extérieur repoussant, mais qui fussent fortes afin de pouvoir travailler dans ce pays, et aussi qu’elles eussent de l’aptitude à quelque ouvrage manuel[1]

Le choix de ces jeunes filles était sévère, on le voit, tant au point de vue moral qu’au point de vue physique. Colbert veillait avec soin à ce que parmi les personnes choisies il ne s’en trouvât aucune dont les mœurs eussent pu devenir, pour la colonie naissante, une cause de corruption et de décadence plutôt que d’accroissement.

Charlevoix, historien de la Nouvelle-France, presque contemporain et témoin de ces événements, a lui aussi rendu ce témoignage de la pureté des origines de la population canadienne : « On avait apporté, dit-il, une très grande attention au choix de ceux qui s’étaient présentés pour aller s’établir dans la Nouvelle-France… Quant aux filles qu’on y envoyait pour les marier avec les nouveaux habitants, on eut toujours soin de s’assurer de leur conduite avant que de les embarquer, et celle qu’on leur a vue tenir dans le pays est une preuve qu’on « y avait réussi[2]. »

Telles étaient les mesures par lesquelles Colbert

  1. Dépèche du 10 novembre 1670.
  2. CHARLEVOIX, Histoire de la Nouvelle-France.