Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/198

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Voltairiens, réconciliait le XVIIIe siècle avec Tari moderne en tendant la main à Victor Hugo. La vénérable amitié de M. Bertin lui assurait le Journal des Débats. Dans la presse militante, Rabbe combattait pour lui, et, près de Rabbe, Méry, un Ajax luttant pour un Achille ! Mérimée et Stendhal lui souriaient. Critiques à leurs premières armes, Planche et Janin vouaient à cause, l’un sa logique alors invincible, l’autre sa ve toujours inépuisable. Et les peintres et les jrs ! Impatients d’innovation, ils étaient cinq ou six aux côtés de Victor Hugo, presque tous à sa suite. David, Charlet, Louis Boulanger, les Dévéria, étaient les intimes du poëte. Derrière toutes ces gloires ou ces réputations fraternellement liguées arrivait radieuse comme l’espérance, ardente, échevelée, irrésistible, la Jeunesse !

Ce fut une belle soirée que la première représentation d’Hernani. Le monde avait retrouvé le secret de ces dévouements grandioses qui entraînent sur les pas d’un réformateur des enfants, des jeunes femmes, des jeunes gens, des vieillards, saintement fanatiques, agrandis par leur conviction, prêts indifféremment à l’héroïsme du combat ou à l’héroïsme du martyre ! Légion d’Épaminondas, catéchumènes galiléens, disciples de Mahomet, Sans-culottes de 92, vos enthousiasmes étaient égalés ! Le spectacle le plus merveilleux ne fut pas seulement la vision de splendeur et de force qui éclata dans le drame nouveau, cette aurore romantique qui fit songer à la triomphante aurore du Cid, ce fut peut-être cette entente si énergique et trop