Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/211

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livres sacrés admis par les assemblées ecclésiastiques. Ainsi le canon des Luthériens rejette comme apocryphes certaines parties de la Bible que le Concile de Trente a maintenues, telles que les livres d’Estlier, de Job, des Machabêes. Le canon littéraire de Victor Hugo n’est pas moins rigoureux que celui des Luthériens. Une liste des génies doit être restreinte. Jusqu’à quel point ? Ici commence pour nous la liberté de discussion. Voici donc l’énumération proposée par celui qui à une autre époque aurait su concevoir et créer VOrestie, les Annales, la Divine Comédie, mais qui, par contre, n’eûtpeutêtre jamais trouvé cet accord de qualités qui lui semblent à tort inférieures et qui font naître un Œdipe-roi, une Alceste, un Banquet, un Polyeucte.

Homère, Job, Eschyle, Isaïe, Ézéchiel, Lucrèce, saint Jean, saint Paul, Juvénal, Tacite, Dante, Rabelais, Cervantes, Shakespeare, Rembrandt, Michel-Ange, Beethoven, tels sont les puissants, les vrais inspirés que Victor Hugo décore seuls du nom de génies. Restent en dehors de cette famille élue, qualifiés par le critique d’esprits très-grands, moins grands, Sophocle, Aristophane, Euripide, Platon, Thucydide, Théocrite, Virgile, Corneille, Pascal, Molière, Milton, Raphaël, Mozart, que nous nous permettons, dans notre humble conviction, de croire les égaux de presque tous ceux que devait leur préférer l’auteur des Burgraves et des Contemplations.

« Il y a des hommes-océans » dit quelque part l’éminent critique en parlant de Shakespeare et de tous ceux qu’il lui associe. Cette métaphore indique les