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SARAH.

bonté, fit signe au nègre de s’approcher. « Quel est ton maître, lui demanda-t-il ? — Je suis libre, dit tristement le noir ; » et il tira de son sein le gage de sa liberté.

M. Primrose le lut avec attention. L’air pensif du nègre, la blancheur de l’enfant qu’il portait dans ses bras, l’étonnaient et le touchaient à son tour. « Où vas-tu donc ? — Me vendre, répliqua l’affranchi : le prix de ma liberté doit nourrir la petite Sarah, qui n’a jamais connu son père, et que sa mère mourante a laissée au pauvre Arsène. Je cherche un asile pour elle, et un maître pour moi. » Des larmes roulaient dans ses yeux ; elles émurent l’ame compatissante de M. Primrose. Le petit Edwin le regardait lui-même en pleurant, les mains jointes, ne pouvant plus parler. « Ne pleurez-pas, mon fils, lui dit son père ; vous savez que j’ai du plaisir à vous