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SARAH.

Sarah fit presque naître un sourire sur sa bouche sévère.

Voilà comment cette petite orpheline fut recueillie chez le plus riche Anglais de notre colonie. Sans savoir ce qu’elle lui devait de reconnoissance, elle la lui témoigna bientôt par mille gentilles actions, charmant la solitude du père et les jeux d’Edwin, dont elle partagea bientôt l’éducation et les premiers penchans. Par degrés moins vive et moins bruyante que lui, elle écoutait avec attention les leçons de M. Primrose, qui se plaisait à les instruire, à distraire l’ennui de son veuvage et le deuil où ses esprits étaient plongés par la perte récente d’une jeune femme bien-aimée. Tout ce qu’il pouvait dérober à ses rêveries solitaires, aux regrets d’un bonheur perdu, à l’impatient espoir d’un avenir qui devait lui rendre son adorée Jenny, il le donnait à son