Page:Dickens - Le Mystère d'Edwin Drood, 1880.djvu/128

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venue l’idée qu’en instruisant l’un des deux jeunes gens il les instruisait tous les deux.

Il y avait donc un de ces deux esprits qui était directement en rapport avec le sien, et l’autre avec lequel il ne communiquait que par intermédiaire.

Il réfléchit à la nouvelle qui lui était venue de la Maison des Nonnes qu’Helena, qu’il avait d’abord jugée si fière et si farouche, s’était soumise à l’influence de Rosa, de la belle fiancée, comme il l’appelait, et que la jeune fille apprenait de sa compagne tout ce qu’elle savait.

Il sourit de cette pittoresque association entre deux créatures extérieurement aussi dissemblables.

Surtout il se demanda comment il était possible que toutes ces mêmes choses, dont l’existence ne datait que de quelques semaines, fussent devenues un des grands intérêts de sa vie.

Comme chaque fois que le Révérend Septimus devenait rêveur, sa bonne mère en concluait aussitôt qu’il avait besoin d’être réconforté, la florissante vieille dame se dirigea donc en toute hâte vers l’armoire de la salle à manger, d’où elle tira le réconfortant sous la forme d’un verre de vin de Constance et de quelques biscuits fabriqués à la maison.

C’était une armoire merveilleuse, digne de Cloisterham et du Coin du Chanoine.

Au-dessus était attaché un portrait de Haendel, le chef couvert d’une longue perruque et regardant les spectateurs avec des airs de connaître tous les trésors que renfermait ce meuble précieux.

On aurait dit que le grand musicien s’occupait à en combiner dans une fugue toutes les harmonies délectables.

Oh ! ce n’était pas une armoire vulgaire !

Les portes tournaient sur leurs gonds et s’ouvraient tout d’un coup, mais ne découvraient rien que par degrés.

Elle avait une serrure saillante à sa partie médiane, à l’endroit juste où deux panneaux perpendiculaires se rencontraient, l’un montant et l’autre descendant.

Le panneau supérieur, en s’abaissant, laissait la partie inférieure dans un délicieux mystère et montrait de larges