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ATT
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rés, sont reçues en Justice. Les Professeurs donnent à leurs écoliers des attestations de leurs études, du temps qu’ils ont étudié.

ATTESTER. v. a. Testari, testificari. Rendre un témoignage, soit de vive voix, soit par écrit, de la vérité d’un fait. Ce miracle est attesté par des gens dignes de foi, par tout le peuple. Les écrits de cet Auteur attestent la pureté de ses mœurs. Les miracles de Jésus-Christ ont attesté la vérité de ses paroles.

Attester, signifie aussi prendre à témoins, invoquer le témoignage, & se dit de Dieu & des hommes. Testari, attestari, appellare. Il atteste ciel & terre. Ils attestent contre lui & les Dieux & les hommes. Ablanc. J’atteste des grands Dieux la suprême puissance. Corn. J’en atteste ceux qui étoient présens.

ATTESTÉ, ÉE part.

☞ ATTICHE. Bourg de France, au Soissonnois, sur la rivière d’Aisne, entre Compiegne & Soissons.

ATTICISME. s. m. L’Idiome ou le Dialecte des Athéniens. La manière de parler des Athéniens. Style des Athéniens. Finesse & délicatesse de goût & de langage particulière aux Athéniens. Usus loquendi Atticus ; Atticismus. L’atticisme étoit chez les Grecs ce que l’urbanité étoit chez les Romains. Voyez Urbanité.

Qu’à Neuilly La Farre & Sonin
Puisent cet enjouement bénin
Dont se forme leur Atticisme. R.

Atticisme, se dit aussi d’une certaine raillerie agréable & polie, & d’une certaine politesse fine & galante, qui étoit en usage parmi les Athéniens. Lepidus jocus, liberalis urbanitas. Les Romains ont laissé l’atticisme de la Grèce bien loin derrière leur urbanité. Balz. Ce sont des Princes qui ont su joindre aux plus belles & aux plus hautes connoissances, & l’atticisme des Grecs, & l’urbanité des Romains. La Bruy. Voyez Sel Attique.

☞ Ce mot est d’usage principalement pour exprimer les grâces d’un style léger & correct.

ATTICURGES. s. f. En termes d’Architecture, ce sont des colonnes carrées. Atticurges.

ATTIÉDIR. v. a. Rendre tiède ce qui étoit chaud. Tepidum facere, ardorem, servorem imminuere. On verse dans un bain, quand il est trop chaud, de l’eau froide pour l’attiédir. Voyez Tiède.

Ce mot n’est pas fort en usage dans le sens propre. Il est quelquefois employé au figuré.

Vos froids raisonnemens ne feront qu’attiédir
Un spectateur toujours paresseux d’applaudir.

s’Attiédir, v. recip. Devenir tiède. Au propre cette eau commence à s’attiédir. Au figuré, on dit, que les passions s’attiédissent avec l’âge, lorsqu’elles diminuent, & qu’elles ne sont pas si violentes. Tepescere, defervescere. La ferveur de la dévotion d’un Novice s’attiédit après sa profession, diminue, se ralentit.

ATTIÉDI, IE. part. Tepidior factus, remissus, remissior.

ATTIÉDISSEMENT. s. m. ☞ État d’une chose qui passe de la tiédeur à la tiédeur. Tepor ; mais par une bizarrerie de l’usage on ne le dit guère au propre. On ne dit point l’attiédissement d’un bain, l’attiédissement de l’eau. Il faut dire tiédeur. Il seroit à désirer qu’on eût conservé le mot d’attiédissement, pour marquer l’état d’une chose qui devient tiède, l’action de devenir tiède ; & celui de tiédeur pour marquer l’effet qui résulte de cette action, ou l’état de la chose qui est tiède. Mais il faut s’assujettir à l’usage.

Attiédissement, dans le sens figuré, signifie diminution, relâchement de ferveur dans la dévotion, dans l’amitié, dans les passions. Tepor, ardoris remissio, studii. L’attiédissement en amour se tourne bientôt en indifférence. Un bon Auteur a dit, l’oraison fervente & continuelle étouffe en nous l’attiédissement & la paresse : les âmes tombent dans l’attiédissement par l’ardeur de leur concupiscence. Le P. Bouhours prétend que ce mot n’est pas tout-à-fait établi, & qu’il vaut mieux se servir de tiédeur, ou de relachement.

ATTIFER. v. a. Vieux mot qui signifioit autrefois parer, orner, particulièrement en parlant de la coiffure des femmes, parer la tête des femmes. Comere. On le peut dire encore dans le style simple & familier. Allez-y sans être attifée. Voit. Les femmes sont long temps à s’attifer.

ATTIFÉ, ÉE. part. Comptus.

ATTIFET. s. m. Vieux mot, qui signifioit autrefois un ornement ou parure des femmes, & principalement de la tête. Comptus, ornatus.

Tous deux viennent du vieux mot françois tiffer, qui signifioit orner, que Borel dérive du Grec στέφειν qui signifie coronare.

ATTIGNY. Ville de Champagne, province de France. Attiniacum. Elle est sur la rivière d’Aisne, au-dessus de Rhétel. On a tenu plusieurs Conciles à Attigny dans le VIIIe & le IXe siècle.

☞ ATTIGOVANTINS. Peuple sauvage de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, à l’occident du lac des Hurons.

ATTILA. s. m. Nom d’homme. Attila. Les médailles d’Attila, Roi des Huns, portent toutes Atvla ; mais l’usage veut que l’on dise & que l’on écrive Attila. Attila fut appelé le Fléau de Dieu.

Le camp d’Attila. C’est une campagne du Châlonois en Champagne, vers le bourg nommé la Suipe la longue. Attilæ castra. Ce lieu est ainsi nommé, parce que l’an 453 de J. C. Mérovée, Roi des François, Théodoric, Roi de Visigoths ; & Aëtius, Général des Romains, y défirent entièrement Attila.

ATTILUR. s. m. Poisson de rivière fort commun dans le Pô, semblable à l’esturgeon. Sa chair est molasse, & d’un goût peu agréable. Dict. de James. ☞ Son nom ordinaire est adane, en italien adello ou adeno. En latin attilus. Il est si grand & si gros qu’il pese quelquefois mille livres, au rapport de Pline. On le pêche avec un hameçon attaché à une chaîne de fer, & il faut deux bœufs pour le tirer lorsqu’il est près.

ATTINGANS. s. m. pl. Hérétiques. Voyez Pauliciens, ce sont les mêmes.

☞ ATTIQUAMECQUES. Peuple de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, au couchant du grand lac des Hurons.

ATTIQUE. Attica. Pays d’Achaïe, dans la Grèce, dans l’angle méridional & oriental de la Grèce, entre la mer Egée, la Béotie, & le territoire de Mégare. L’Attique étoit une étendue de pays aux environs d’Athènes, depuis Mégare jusqu’au Promontoire de Sunium. Tourr. Athènes étoit la capitale de l’Attique. Ce pays, si l’on en croit Strabon & Pausanias, s’appeloit anciennement Actique, à cause d’Actoée. Atthis, selon ces deux Auteurs, fille de Cranaüs, second Roi d’Athènes, changea le nom d’Actique en Attique, pour l’approcher davantage du sien. Etienne de Byzance au contraire, & Harpocration disent, que l’Attique, se nommoit autrefois Actique, du mot grec ἀϰτή, rivage, parce qu’on y abordoit de toutes parts avec beaucoup de facilité, & qu’ensuite l’usage, toujours favorable à la plus douce prononciation, établit qu’on diroit Attique, au lieu d’Actique. L’Attique étoit autrefois à peu près ce qu’on appelle aujourd’hui le duché de Sétines.

Attique. adj. m. & f. Atticus. Qui est de l’Attique, qui appartient à l’Attique, ou à Athènes.

On a appelé Sel Attique, parmi les Grecs, je ne sais quoi de vif & de piquant ; une raillerie fine, une certaine éloquence, ou certaines grâces qui se trouvoient dans le langage des Auteurs Athéniens. Sal Atticum, sales Attici. Théophraste fut reconnu à Athènes pour étranger, à cause de je ne sais quelle urbanité Attique qui lui manquoit. La Bruy.

Ami de la Justice & de la vérité,
Alcandre, dont l’esprit est rempli de clarté,
Admiré des Savans, critique des critiques :
Qui puises ton discours ès Salines Attiques.

On a dit aussi, un témoin attique, ou Athénien,

atticus