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BAG

un autre baguenaudier, qu’il appelle l’arbre du raisin. Il est petit, & a la feuille comme le sureau : son bois est fort frêle, les feuilles blanches, & rangées en grappes, de même que le fruit, qui vient dans de petites gousses roussâtres, assez semblables aux poids chiches, quoique plus gros. Il a au dedans un noyau tirant sur le vert, qui est doux à manger, & qu’on appelle Pistache sauvage ; mais il excite à vomir. Il naît dans les forêts. Il fleurit au mois de Mai, & ses noisettes sont mûres en Septembre, & ont les mêmes propriétés que les pistaches.

Baguenaudier. s. m. Celui qui baguenaude. Nugator. Ce mot est vieux en ce sens & du style familier. Voilà un franc baguenaudier.

☞ On appelle encore baguenaudier une espèce de jeu d’enfans.

BAGUER. v. a. Terme de Tailleur d’habits, qui signifie, arranger les plis d’un habit, d’une robe, d’un vêtement, & les arrêter avec une aiguillée de fil ou de soie. Il faut baguer avant que de coudre.

Baguer. Terme de Palais. C’est donner à sa future, ou à sa fiancée, des bagues & joyaux. Sponsæ annulum offerre. Si le fiancé, après avoir bagué sa fiancée, vient à décéder avant les épousailles, elle est tenue de rendre les bagues & joyaux aux héritiers du défunt, ou au marchand qui les a vendus, & qui n’en a pas été payé. Il y a des Arrêts rapportés par Chenu, Centurie 2e. Quæst. 46, un, entr’autres, qui fut rendu le 14 Mars 1619. Jean-Jacques Ragueau, Orfèvre, ayant vendu pour la somme de 487 livres dix-huit sols de bagues à Me André Le-Mort, Avocat à Bourges, pour baguer Catherine Barat sa promise, & ledit Le-Mort étant décédé avant la solennisation du mariage, la Cour ordonna que les bagues & joyaux reçus par Catherine Barat seroient rendus à l’Orfèvre. Ce mot n’est pas reçu.

BAGUETTE. Bâton fort menu, plus ou moins long, & de différens bois, suivant son usage. Virga, bacillus

Baguette de fusil, ou autre arme à feu, est une longue verge de bois, ou d’autre matière qui sert à les charger en prenant la poudre & la bourre, & qui se remet dans le fut.

Baguette, se dit aussi des bâtons qui servent à battre le tambour.

Baguette, se dit aussi des bâtons de Fauconniers propres à fourer dans les buissons, & faire partir les perdrix, ou pour tenir les chiens en crainte. Celles des Autoursiers s’appellent chasseoires.

Baguette, en termes d’Architecture, se dit des petites moulures, sur lesquelles on taille certains ornemens, dont on se sert en Architecture & en Menuiserie, qui représentent une baguette. On l’appelle aussi Astragale & Chapelet.

Baguette, en termes de Hongrieurs. Les Hongrieurs nomment ainsi un certain morceau de bois long & rond, qui va toujours en diminuant de grosseur depuis le milieu jusqu’aux extrémités, ainsi qu’une fusée, dont ils se servent pour unir leurs cuirs avec le pied.

Baguette, est aussi chez les Corroyeurs, le morceau de bois sur lequel ils étendent leurs cuirs, pour les sécher chaque fois qu’ils les ont foulés à l’eau.

Baguette, qu’on nomme plus ordinairement bayette. Étoffe de laine non croisée, qui se fabrique dans plusieurs Provinces de France, & qui est propre pour le commerce d’Espagne & de Portugal.

Baguette. Terme d’Artificier. C’est une petite pièce de bois qu’on attache à la fusée volante, & qui doit être de poids égal à la fusée, pour lui servir de contrepoids ; autrement elle ne monteroit pas en l’air. Il y en a de deux sortes, les unes qu’on devroit appeler des fouloirs, sont courtes, eu égard à leur grosseur ; les unes massives, les autres percées suivant leur axe, sont destinées à charger les cartouches des fusées de toutes espèces de matières combustibles ; les autres sortes de baguettes sont longues & minces, pour servir à diriger la course des fusées volantes, en les tenant en situation verticale, la gorge d’où sort le feu tournée en bas.

Baguettes à mêche. Terme de Cirier. Les Ciriers qui travaillent à la fabrique des bougies de table, appellent de la sorte de grosses baguettes d’environ trois quarts de pouce de diamètre, sur lesquelles ils enfilent leurs mêches, à mesure qu’ils les ont coupées de longueur.

Baguettes, s. f. pl. Virgæ. Passer par les baguettes est une punition dont on châtie les soldats qui ont fait des fautes qui ne méritent pas le dernier supplice. On met la Compagnie en deux haies ; le patient tient un faisceau de baguettes, & il en présente une à chaque soldat : après quoi il passe entre les deux haies, les épaules nues, & va d’un bout à l’autre, pendant que chaque soldat lui en applique un coup sur les épaules, & il fait ainsi autant de tours qu’il lui est ordonné. Cette peine est honteuse & flétrissante, comme le fouet par les carrefours ; c’est pourquoi lorsqu’un soldat a passé par les baguettes, il devroit être indigne de servir davantage : mais on le réhabilite en faisant passer le drapeau par-dessus sa tête, au son des tambours, après quoi on fait défenses de lui reprocher la chose, sous peine du même supplice. La peine de passer par les baguettes n’est point flétrissante en Allemagne. On la donne pour la moindre faute, & elle n’est pas plus déshonorante que la prison en France pour les soldats.

Baguette. En termes de Fleuriste on appelle baguettes, les tulipes qui viennent de Flandre ; à cause de la force & de la hauteur de leur tige.

Baguette, en Peinture, est ce que les Peintres appellent appui-main, c’est-à-dire, un petit bâton qu’ils appuient sur leur toile, pour soutenir la main qui travaille avec le pinceau.

Baguette divinatoire. Branche de coudrier fourchue, par laquelle on prétend découvrir les mines, & les sources d’eau cachées sous la superficie de la terre. Celui qui porte la baguette marche lentement sur les lieux où il soupçonne qu’il y a des mines ou des eaux & alors les corpuscules qui s’exhalent du métal, ou de l’eau que l’on cherche, imprègnent la baguette, & la font incliner. Avant le XVe siècle on ne trouve rien sur la baguette divinatoire dans les Auteurs. Depuis qu’on s’en fut avisé, on lui chercha de beaux noms. On l’appela Caducée, la verge divine, la verge d’Aaron. Les uns contestent le fait, & nient que cela soit possible. Les autres se rendent aux diverses expériences qu’on allègue, & en cherchent des raisons naturelles. Ils disent que les particules qui s’élèvent des sources d’eau, ou des métaux imprègnent la verge de coudrier, & la déterminent à se baisser pour la rendre parallèle aux lignes verticales qu’elles décrivent en s’élevant. Ces particules d’eau sont poussées au dehors par la chaleur souterraine, & par les fermentations qui se font dans les entrailles de la terre. Or la baguette divinatoire étant d’un bois poreux, donne aisément passage à ces corpuscules qui sont extrêmement subtils & déliés. Ces vapeurs poussées par celles qui les suivent, & pressées par l’air qui pèse dessus, sont forcées d’entrer dans les petits intervalles de la baguette, & par cet effort elles la contraignent à s’incliner perpendiculairement, afin de se rendre parallèles avec les colonnes que forment ces vapeurs en s’élevant.

☞ On a même attribué à la baguette la propriété de découvrir les trésors cachés, & qui plus est les voleurs & les meurtriers. L’histoire du fameux fourbe Jacques Aymar, qui guidé par la baguette divinatoire, poursuivit en 1692 un meurtrier pendant plus de 45 lieues sur terre, & plus de 30 lieues sur mer, est connue de tout le monde.

Baguette sacrée. C’étoit autrefois une coutume parmi les François, quand ils étoient en guerre, d’envoyer vers leurs ennemis des Ambassadeurs avec de certaines baguettes, qu’ils appeloient sacrées, parce qu’elles étoient les marques de leur commission, & les mettoient en sûreté par le droit des gens contre toutes sortes d’insultes, ou de mauvais traitemens. P. Jourdan. C’étoit comme le Caducée chez les Romains & les Grecs. Tit. Liv. Liv. VIII, C. 20. Rhodig. Lect. Antiq. L. XXI, C.

On dit proverbialement, commander à baguette, commander impérieusement, par une figure tirée de la verge ou baguette que portent les Sergens & Huissiers qui commandent de la part du Roi & de la Jus-