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Lefuté.

Précisément, et hier j’ai encore reçu une lettre d’eux, ils m’annoncent leur prochaine arrivée.

Criquet (avec joie).

Ah sapristi !… Cré coquin ! Queu bonheur ! Queu joie !… Robert et pis c’bon p’tit Julien ! Dieu de Dieu, j’vas t’y être content d’les voir !… Ah ! à présent ça m’étonne pas si on travaille tant et comme not’ferme est avant l’village, c’est nous, parrain, qu’on aura leur première visite ?

Lefuté.

Comme tu dis, Criquet, et ce sera d’autant plus d’honneur pour les gens du village et pour moi, que nos deux amis ont bien rempli leur devoir de soldat !… En un mot, ce sont deux braves de l’armée de Crimée !

Criquet.

C’est y ben loin, ça, parrain, la Carmée ?

Lefuté.

Crimée, imbécile !

Criquet.

Ah ! oui, ah ! oui ! Ah ! Ça, parrain, dites donc, ça fait deux ans qui sont partis, n’est-ce pas ?

Lefuté.

Deux ans ?… y me semble qu’il y a un peu plus que ça, je crois ?

Criquet.

Non, non, parrain, y a juste deux ans dimanche… T’nez, c’est l’époque où ma grosse Rose…

Lefuté (colère et frappant du pied).

Va-t’en au diable !… Vas-tu encore m’ennuyer avec tes sornettes ?

Criquet (reculant de peur en ressautant).

Non, non, parrain, vous fâchez pas, voyons ! ah ! dites donc, parrain, sont y toujours dans c’même régiment ?