Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/100

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ce qu’il peut arriver, dit Obnoskine avec un sourire moqueur.

— C’est bien vrai. Dieu sait ce qu’il peut arriver ! approuva mon oncle, très bonhomme.

Obnoskine éclata de rire en se renversant sur le dossier de sa chaise ; sa mère sourit ; la demoiselle Pérépélitzina ricana d’une façon particulièrement venimeuse ; Tatiana Ivanovna se mit aussi à rire en battant des mains sans savoir pourquoi. En un mot, je vis clairement que mon oncle n’était compté pour rien dans sa propre maison. Sachenka fixa sur Obnoskine des yeux étincelants de colère. L’institutrice rougit en baissant la tête. Mon oncle s’étonna :

— Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui se passe ? questionna-t-il en nous regardant avec ébahissement.

Cependant, mon cousin Mizintchikov restait muet à l’écart et n’avait même pas souri alors que tout le monde riait. Il buvait son thé et regardait philosophiquement ces gens qui l’entouraient. À plusieurs reprises il faillit se mettre à siffler, comme sous le coup d’un insupportable ennui, mais il put toujours s’arrêter à temps. Tout en poursuivant ses agressions envers mon oncle et en commençant à me tâter, Obnoskine semblait