Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/149

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comploter la perte de ce pauvre idiot. Il se peut que mon jugement soit sévère et que je me trompe ; mais je ne parle que par amour pour l’humanité. Il vient de se livrer à la danse la plus inconvenante ; qui donc s’en préoccupe ici ? Écoutez-moi ça ! Allons ! Réponds, que viens-tu de faire ? Réponds ! réponds immédiatement !

— J’ai dansé, sanglota Falaléi.

— Qu’est-ce que tu as dansé ? Quelle danse ? Parle !

— La Kamarinskaïa…

— La Kamarinskaïa ! Et qu’est-ce que c’est que Kamarinski ? Tâche de nous donner une réponse compréhensible, de nous éclairer sur ton Kamarinski.

— Un pay… san…

— Un paysan ? rien qu’un paysan ? Tu m’étonnes. C’est donc un remarquable paysan, un célèbre paysan, si on compose des chants et des danses en son honneur ? Voyons, réponds !

Tourmenter était chez Foma un véritable besoin. Il se jouait de sa victime comme le chat de la souris ; mais Falaléi se taisait, pleurnichant sans parvenir à comprendre la question.

— Réponds donc ! insistait Foma. On te demande quel était ce paysan… Appartenait-il à un