Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/302

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demander de m’y accompagner. J’y vais ! j’y vais ! Anna Nilovna, j’y vais !

Resté seul, je me rappelai ma rencontre avec Nastenka et je me félicitai de ne pas en avoir parlé à mon oncle ; cela n’aurait servi qu’à le troubler davantage. Je prévoyais un orage et n’imaginais point comment mon oncle parviendrait à se tirer d’affaire et à faire sa demande à Nastenka. Je le répète : en dépit de ma foi en sa loyauté, je ne pouvais m’empêcher de douter du succès.

Cependant, il fallait se hâter. Je me considérais comme obligé de l’aider et me mis aussitôt à ma toilette, mais j’avais beau me dépêcher, je ne faisais que perdre du temps. Mizintchikov entra.

— Je viens vous chercher, dit-il ; Yégor Ilitch vous demande tout de suite.

— Allons ! — J’étais prêt ; nous partîmes. Chemin faisant, je lui demandai : — Quoi de neuf ?

— Ils sont tous au grand complet chez Foma qui ne boude pas aujourd’hui ; mais il semble absorbé et marmotte entre ses dents. Il a même embrassé Ilucha, ce qui a ravi Yégor Ilitch. Préalablement, il avait fait dire par la Pérépélitzina qu’il ne désirait pas qu’on lui souhaitât sa fête et n’en avait parlé que pour éprouver votre oncle… La vieille respire des sels, mais elle s’est calmée