Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/329

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les sept marches du perron, aller s’écraser dans la cour au milieu d’un grand fracas de vitres brisées.

— Gavrilo ! ramasse-moi ça ! cria mon oncle plus pâle qu’un mort, mets-le dans le chariot et que, dans deux minutes, ça ait quitté Stépantchikovo !

Quelle que fût la trame ourdie par Foma, il est assez probable qu’il était loin de s’attendre à un pareil dénouement.

Je ne saurais m’engager à décrire la scène qui suivit cette catastrophe : gémissement déchirant de la générale qui s’écroula dans son fauteuil, ébahissement de la Pérépélitzina devant cet inattendu coup d’énergie d’un homme toujours si docile jusque-là, les oh ! et les ah ! des dames pique-assiettes, l’effroi de Nastenka qui faillit s’évanouir et autour de qui s’empressait mon oncle, trépignant à travers la pièce en proie à une indicible émotion devant sa mère sans connaissance, Sachenka folle de peur, les pleurs de Falaléi, tout cela formait un tableau impossible à rendre. Ajoutez qu’un orage formidable éclata juste à ce moment ; les éclats du tonnerre se succédaient constamment tandis qu’une pluie furieuse fouettait les vitres.