Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/330

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— En voilà une fête ! grommela Bakhtchéiev baissant la tête et écartant les bras.

— Ça va mal ! murmurai-je, fort troublé à mon tour, mais, au moins, voilà Foma dehors et il ne rentrera plus !

— Ma mère ! avez-vous repris vos sens ? Vous sentez-vous mieux ? Pouvez-vous enfin m’écouter ? demanda mon oncle, s’arrêtant devant le fauteuil de la vieille dame qui releva la tête et attacha un regard suppliant sur ce fils qu’elle n’avait jamais vu dans une telle colère.

— Ma mère, reprit-il, la coupe vient de déborder ; vous l’avez vu. Je voulais vous exposer cette affaire tout autrement et à loisir ; mais le temps presse et je ne puis plus reculer. Vous avez entendu la calomnie, écoutez à présent la justification. Ma mère, j’aime cette noble jeune fille, je l’aime depuis longtemps et je l’aimerai toujours. Elle fera le bonheur de mes enfants et sera pour vous la fille la plus respectueuse ; en présence de tous mes parents et amis, je dépose à vos pieds ma demande, et je prie mademoiselle de me faire l’immense honneur de devenir ma femme.

Nastenka tressaillit. Son visage s’empourpra. Elle se leva avec précipitation. Cependant, la générale ne quittait pas des yeux le visage de son