Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/377

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— Épargnez au moins César, Foma Fomitch !

— Certes non ! je n’épargnerai pas cet imbécile ! criait Foma.

— Tu as raison, ne les épargne pas ! appuyait ardemment Stépane Alexiévitch, fanatisé par des libations trop abondantes ; il ne faut pas les rater ! Tous ces gens-là ne sont que des sauteurs qui ne pensent qu’à tourner à cloche-pied ! Tas de mangeurs de saucisses ! Il y en a un qui voulait fonder une bourse ! Qu’est-ce que ça signifie ? Le diable le sait. Mais je parie que c’est encore quelque cochonnerie ! Et l’autre qui vient tituber dans une société choisie et y réclamer du rhum ! Je dis ceci : pourquoi ne pas boire ? Le tout est de savoir s’arrêter à temps… À quoi bon les épargner ? Ce sont tous des canailles ! Toi seul, Foma, es un savant !

Quand Bakhtchéiev se donnait à quelqu’un, il se donnait tout entier, sans restrictions, sans arrière-pensée.

Je trouvai mon oncle au fond du parc, au bord de l’étang, dans l’endroit le plus isolé. Il était en compagnie de Nastenka. À ma vue elle s’enfuit dans les taillis comme une coupable. Tout rayonnant, mon oncle vint à ma rencontre ; ses yeux brillaient de larmes joyeuses. Il me prit les deux mains et les pressa avec force.