Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Alain, après avoir fermé les rideaux et allumé, commença à s’habiller pour sortir. Il avait encore plaisir à fouiller dans la garde-robe qui lui restait des beaux jours, quand Dorothy avait dissipé avec lui en Floride et sur la Côte d’Azur le douaire que lui avait laissé son premier mari.

Un solitaire, c’est un illusionniste. À Miami ou à Monte-Carlo, devant une malle pleine de beau linge, il nouait une nouvelle cravate en fumant une cigarette. Ses flacons, ses brosses, une robe de chambre qui traînait sur le lit illuminaient de luxe la morne chambre d’hôtel. Il avait des dollars dans sa poche ; ‬la nuit s’ouvrait, tous les philtres allaient couler, il allait plaire à tous et toutes.

La drogue qui l’isolait de tout contact, qui le soustrayait à toute épreuve, l’avait confirmé dans cette imagination immobile.

Il choisit une chemise de batiste, un costume de cachemire, des chaussettes de grosse laine ; tout cela était d’un gris uni. Là-dessus une cra-