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DES PAYS D’EN HAUT

pour descendre la rivière des Français. Plus loin, du fort William au lac Winnipeg, ils étaient pour le moins aussi nombreux et quelquefois plus fatigants ; aussi celui qu’on appelait le Grand-Portage, à Kaministigouia, avait trois lieues de long.

Outre les fatigues causées par ce travail rude et continuel, les voyageurs avaient à supporter les piqûres de myriades de moustiques, qui les harcelaient nuit et jour ; souvent ils en étaient enveloppés comme d’un nuage.

Ordinairement c’est vers la fin de juin que

    passer les barils de sucre sur le comptoir, se promettant bien de rire quand arriverait le tour du baril de balles. Il y avait du monde dans le magasin. Un baril de sucre ne pesait pas au bras de José ; aussi les passait-il lestement au commis. Tout à coup il s’aperçoit du tour qu’on a voulu lui jouer : il vient de saisir les balles. Alors, comme Samson arrachant les portes de la ville de Gaza, il fait un effort suprême, lève cet énorme fardeau au bout de ses bras, puis le rabat de toutes ses forces sur le comptoir. Le commis ne riait plus : le comptoir écrasé sous un tel poids se brise en morceaux ; le plancher même est enfoncé, et les balles roulent au fond de la cave. « Tiens, dit José, quand vous voudrez rire de moi, vous vous y prendrez autrement. »