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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

ques des derniers Pythagoriciens. « Quelques-unes seulement de ces doctrines[1] sont attribuées expressément à Pythagore lui-même par des témoignages anciens que rien ne contredit ; il y a lieu de penser que celles-là remontent vraiment jusqu’à lui : mais celles qu’aucun auteur ancien, ne lui attribue sont probablement plus récentes. À plus forte raison, quand des auteurs anciens, qui connaissaient bien les doctrines des Pythagoriciens plus récents, attribuent unanimement à Pythagore des doctrines très différentes, doctrines qui ont dit naturellement précéder celles-là dans le développement de la Philosophie et des Sciences en Grèce, et qu’aucun Grec n’avait émises avant l’époque de Pythagore, il y a tout lieu de croire qu’elles lui appartiennent en propre ».

Lorsqu’on a trié, à l’aide d’un tel crible, les témoignages antiques, que reste-t-il que l’on puisse regarder comme reliques de l’Astronomie du fondateur de l’École italique ?

Il semble assuré, en premier lieu, que Pythagore enseignait que la terre est sphérique et qu’elle est immobile au centre du Monde.

Tout d’abord, il est bien certain que, longtemps avant l’époque d’Aristote, des Pythagoriciens soutenaient ces propositions ; en un de ses plus célèbres dialogues, Platon met en scène le pythagoricien Limée, et Timée enseigne ces doctrines. D’autre part, des témoignages divers et concordants affirment que cet enseignement était celui de Pythagore ; c’est ce que déclarent, par exemple, Alexandre Polyhistor. Diogène de Laërte[2] qui le cite, et Suidas[3].

Que Pythagore ait connu la loi du mouvement diurne des étoiles, cela ne fait l’objet d’aucun doute ; elle était familière aux philosophes grecs qui l’avaient précédé. Mais il semble qu’on lui doive attribuer un progrès très considérable sur la science possédée par ces philosophes ; il paraît avoir, le premier, discerné la loi du mouvement du Soleil.

Les philosophes grecs antérieurs au fondateur de l’École italique « n’ont prêté[4] au Soleil qu’un seul mouvement au-dessus de la Terre habitée, savoir un mouvement diurne d’Orient en Occident, un peu inférieur en vitesse au mouvement diurne des étoiles fixes dans le même sens, et accompagné seulement d’un écart annuel du Nord au Sud et du Sud au Nord. »

  1. Th.-H. Martin, Op. laud., p. 101.
  2. Diogenes Laertius, De vitis, dogmatibus et apophtegmatibus clarorum philosophorum, lib. VIII, 25-26.
  3. Suidas, Lexicon, au mot Πυθαγοράς Σάμιος.
  4. Th.-H. Martin, Op. laud., p. 102.