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L’ASTRONOMIE PYTHAGORICIENNE

III
le système astronomique de philolaüs

Si Pythagore et ses premiers disciples fixaient la Terre au centre du Monde, on ne tarda pas, au sein de l’École italique, à admettre une hypothèse toute différente. De cette théorie nouvelle, Philolaüs paraît être l’inventeur.

Le pythagoricien Philolaüs naquit à Crotone selon Diogène de Laërte, et à Tarente selon les autres écrivains qui ont parlé de lui ; Il vécut quelque temps à Héraclée de Lucanie, puis il alla se fixer à Thèbes en Béotie ; selon un passage du Phédon de Platon, il y résidait à latin du ve siècle avant notre ère ; il fut donc contemporain de Démocrite et de Socrate.

Philolaüs avait rédigé un traité De la Nature, en trois livres. Il y exposait, pour la première fois, par écrit l’enseignement, jusqu’alors purement oral, de l’École pythagoricienne ; mais à cet enseignement, il apportait, surtout en ce qui concerne l’Astronomie, bien des modifications que n’eussent avouées ni Pythagore ni ses premiers disciples.

L’ouvrage de Philolaüs est aujourd’hui perdu ; mais, au sujet des doctrines astronomiques qu’il proposait, nous nous trouvons être assez exactement, renseignés par les témoignages d’auteurs anciens qui avaient sous les yeux le traité De la Nature.

Aristote, en ses livres Du Ciel[1], discute d’une manière assez détaillée la théorie de Philolaüs ; à la vérité, il n’en nomme pas l’auteur ; il la met sur le compte de « ceux d’Italie que l’on nomme Pythagoriciens — Οἱ περὶ Ἰταλίαν, ϰαλούμενοι δὲ Πυθαγόρειοι ». Le vague de cette indication a grandement contribué à faire attribuer à Pythagore lui-même ce qui était opinion de son disciple éloigné.

Simplicius, en commentant la discussion d’Aristote, y a ajouté quelques détails complémentaires empruntés, en partie, à un écrit perdu d’Aristote sur les doctrines pythagoriciennes ; d’autres écrivains, Stobée en particulier, et aussi le Pseudo-Plutarque, en son De placitis philosophorum, nous ont transmis de nouveaux ren-

  1. Aristote, De Cœlo lib. II, cap. XIII (Aristotelis Opera, éd. Ambroise Firmin-Didot, t. II, p. 403, — Aristotelis grœce. Ex recension Immanuelis Bekkeri edidit Academia Regia Borussica. Berolini, 1831. Vol. I, p. 293, col. a).