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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

seignements, parfois même des citations textuelles du traité de Philolaüs.

Dès le début du xixe siècle, les érudits ont été tentés par l’abondance des indications qui concernent la théorie astronomique de Philolaüs ; ils se sont efforcés de reconstituer cette théorie ; Schaubach en 1802[1]. Bœckh en 1810 et en 1819[2] ont, les premiers, entrepris cette œuvre ; plus près de nous, Th.-H. Martin[3] et Giovanni Schiaparelli[4] y ont mis la main ; à moins que l’on ne découvre de nouveaux documents, il ne semble pas que l’on puisse rien ajouter à ce que ces divers auteurs nous ont appris, Philolaüs est profondément convaincu des idées arithmétiques qui avaient cours en l’École de Pythagore. Selon un fragment de son ouvrage que Jamblique[5] et Syrianus[6] nous ont conservé, il admet que « les nombres sont la cause permanente de tout ce qui arrive dans le Monde ».

Un autre passage, cité par Jamblique[7] nous dit que « l’unité est le principe des nombres et de tout ce qui existe, et qu’elle est identique à Dieu ».

« Le Monde, dit encore un fragment reproduit par Stobée[8], le Monde est un, et le principe de l’ordre qui y règne est au centre. »

« Dieu, ouvrier du Monde, lisons-nous encore[9], a placé au centre de la sphère de l’Univers un feu dans lequel réside le principe du commandement. » Cette sphère de feu centrale, immobile, Philolaüs, en ce passage, la nomme le foyer (Ἑστία).

  1. Schaubach, Geschichte der griechischen Astronomie bis auf Eratosthenes, pp. 455 seqq. Göttingen, 1802.
  2. Bœckh, De Platonico systemate coelestium globorum, et de vera indole astronomiæ. Heidelberg, 1810. Réimprimé, avec des additions importantes, dans : August Bœckh’s, Gesammelte kleine Schriften. Bd, III : Reden and Abhandlungen, pp. 266-342 ; Leipziq 1866, — Bœckh, Philolaos des Pythagoraers Lehren nebst Bruchstücke seines Werkes, Berlin, 1819.
  3. Th.-H. Martin, Hypothèse astronomique de Philolaüs (Bulletino di Bibliografia e di Storia delle Science mathematiche e fisiche pubblicato da B. Boncompagni, t. V, 1872, pp. 127-157).
  4. G. V. Schiaparelli, I precursori di Copernico nell’ Antichità. Ricerche storiche. Lette nell’ adunanza del 20 febbrajo 1873 in occasione del 400o anniversario della nascita di Copernico (Memorie del R. Instituto Lombardo di Scienze e Lettere ; classe di Scienze mathematiche i naturali. Vol. XII (série III, vol. III) 1873, pp. 381-391].
  5. Jamblique, Sur l’Arithmétique de Nicomaque, éd. de Tennulius, p. 11.
  6. Syriani antiquissimi interprétais in II. XII et XIII Aristotelis libros Metaphysices Commentarius, a Hieronymo Bagolino, prœsntantissimo philosopho, Latinitale donatus. In Academia Veneta, MDLVIII Lib. XII, cap. IV, fol. 71, verso. — Aristotelis Opera. Edidit Academia Regia Borussica. Vol. V, Aristotelis qui ferebantur librorum fragmenta. Scholiorum in Aristotelem supplementum. Index Aristotelicus. Berolini, 1870. Fol. 902, col. a.
  7. Jamblique, Op. laud. p. 109.
  8. Stobæi Eclogæ physicæ, I, 15 ; éd. Meineke, p. 97.
  9. Stobæi Eclogæ physicæ, I, 21 ; éd. Meineke, p. 127.