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ASCANIO.

— Pardon, interrompit le jeune artiste, mais avant de savoir qui vous êtes, je voudrais bien savoir où je suis.

— Porte de Nesle, mon cher ami, et voici l’hôtel de Nesle, dit l’écolier en montrant des yeux la grande porte que l’étranger n’avait pas quittée du regard.

— Fort bien ; et pour aller rue Saint-Martin, où je demeure, dit notre amoureux, pour dire quelque chose et espérant qu’il se débarrasserait de son compagnon, par où faut-il que je passe ?

— Rue Saint-Martin, dites-vous ! Venez avec moi, je vous accompagnerai, c’est justement ma route, et au pont Saint-Michel je vous indiquerai votre chemin. Je vous dirai donc que je suis écolier, que je reviens du Pré-aux-Clercs, et que je m’appelle…

— Savez-vous à qui il appartient, l’hôtel de Nesle ? demanda le jeune inconnu.

— Tiens ! est-ce qu’on ne sait pas son Université ! L’hôtel de Nesle, jeune homme, appartient au roi notre sire, et est présentement aux mains du prévôt de Paris, Robert d’Estourville.

— Comment ! c’est là que demeure le prévôt de Paris 1 s’écria l’étranger.

— Je ne vous ai dit en rien que le prévôt de Paris demeurât là, mon fils, reprit l’écolier ; le prévôt de Paris demeure au Grand-Châtelet.

— Ah ! au Grand-Châtelet ! Alors, c’est cela. Mais comment se fait-il que le prévôt demeure au Grand-Châtelet et que le roi lui laisse l’hôtel de Nesle ?

— Voici l’histoire. Le roi, voyez-vous, avait jadis donné l’hôtel de Nesle à notre bailli, homme extrêmement vénérable, qui gardait les privilèges et jugeait les procès de