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ASCANIO.

habilement exécuté, mais poétiquement conçu, non seulement admirable comme bijoux à orner le boudoir d’une femme, mais splendide comme chefs-d’œuvre à immortaliser le règne d’un roi ou le génie d’une nation.

Il est vrai que les orfèvres de cette époque se nommaient Donatello Ghiberti, Guirlandajo, et Benvenuto Cellini.

Or, Benvenuto Cellini a raconté lui-même, dans des mémoires plus curieux que les plus curieux romans, cette vie aventurière des artistes du quinzième et du seizième siècle, quand Titien peignait la cuirasse sur le dos, et que Michel-Ange sculptait l’épée au côté, quand Masaccio et le Dominiquin mouraient du poison, et quand Cosme Ier s’enfermait pour retrouver la trempe d’un acier qui pût tailler le porphyre.

Nous ne prendrons donc pour faire connaître cet homme qu’un épisode de sa vie : celui qui le conduisit en France.

Benvenuto était à Rome, où le pape Clément VII l’avait fait appeler, et il travaillait avec passion au beau calice que Sa Sainteté lui avait commandé ; mais comme il voulait mettre tous ses soins à ce précieux ouvrage, il n’avançait que bien lentement. Or, Benvenuto, comme on le pense bien, avait force envieux, tant à cause des belles commandes qu’il recevait des ducs, des rois et des papes, qu’à cause du grand talent avec lequel il exécutait ces commandes. Il en résultait qu’un de ses confrères nommé Pompeo, qui n’avait rien à faire qu’à calomnier, lui, profilait de ces retards pour le desservir tant qu’il pouvait près du pape, et cela tous les jours, sans trêve, sans relâche, tantôt tout bas, tantôt tout haut, assurant qu’il n’en finirait jamais, et que comme il était accablé de besogne,