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ASCANIO.

il voyait des gouttes de sang qui, après avoir ruisselé comme de la sueur sur son visage, tombaient sur les pierres où il était couché. Il comprit qu’il était blessé au front. Il y porta la main une seconde fois, mais cette fois non plus pour rappeler ses idées, mais pour sonder ses blessures : ces blessures étaient légères, elles entamaient la peau, mais n’offensaient par le crâne. Benvenuto sourit et voulut se lever, mais il retomba aussitôt : il avait le jambe droite cassée à trois pouces au dessus de la cheville.

Cette jambe était tellement engourdie qu’il n’avait d’abord pas senti la douleur.

Alors il ôta sa chemise, la déchira par bandes, puis, rapprochant le mieux qu’il put les os de sa jambe, il la serra de toutes ses forces, passant de temps en temps la bande sous la plante du pied, pour maintenir les deux os l’un contre l’autre.

Puis il se traîna à quatre pattes vers une des portes de Rome qui était à cinq cents pas de là.

Lorsque après une demi-heure d’atroces tortures il arriva à cette porte, il trouva qu’elle était fermée. Mais il remarqua une grosse pierre qui était sous la porte ; il tira cette pierre, qui céda facilement, et il passa par l’ouverture qu’elle avait laissée.

Mais à peine eut-il fait trente pas qu’une troupe de chiens errans et affamés, comprenant qu’il était blessé à l’odeur du sang, se jetèrent sur lui. Il tira son outil à modeler, et d’un coup dans le flanc il tua le plus gros et le plus acharné. Les autres se jetèrent aussitôt sur celui-là et le dévorèrent.

Benvenuto se traîna alors jusqu’à l’église de la Transpontina ; là il rencontra un porteur d’eau qui venait de charger son âne et avait rempli ses pots. Il l’appela.