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LE SABBAT

ardente et farouche. Leurs ongles égratignaient le sol et prenaient l’herbe à poignées. Elles la mangeaient ensuite avec volupté. Certaines, reposant sur les talons et la nuque, arquées comme des arbalètes, s’offraient à tous avec des appels, des supplications et des gémissements.

Cependant, le prêtre maléficié avait pris le petit enfant apporté par la vieille sorcière. Il saisit un coutelas sous ses braies et ouvrit la frêle gorge tendre. Il y eut un léger cri, puis le sang se mit à couler.

Tous les assistants du Sabbat se ruèrent alors pour avoir part de cette boisson magique et démoniaque. On voyait des faces haves et dures se pencher, pour recueillir quelques gouttes de la liqueur rouge et les femmes s’en frottaient les seins avec une fureur jalouse, espérant que le Maudit, attiré par l’odeur de cette vie innocente et sacrifiée, les honorerait enfin de ses désirs.

Bientôt, le petit corps fut exsangue. Ce fut alors à qui le palperait et en triturerait la chair. Puis la rage du Sabbat se répandit parmi les assistants, et on ne vit plus que des corps passionnés, vautrés partout et jetant pêle-mêle des plaintes et des invocations. Le Maître riait sinistrement sur son trône, en caressant d’une main Babet et de l’autre un énorme crapaud plein de sanie.

Babet avait vu disparaître sa terreur. Elle se