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LE SABBAT

Quelques instants après, les époux se retrouvaient. Ils se regardèrent avec émotion.

Jean portait des habits neufs et solides, avec, en plus de son coutelas, une dague robuste dans un fourreau de cuir noir.

Il cheminait avec une assurance nouvelle, et dit d’abord :

— J’étais sûr que tu avais pu te sauver, Babet ?

Il désignait la demeure disparue.

— Oui ! Je les ai entendus venir, il était tard dans la nuit.

— Tu as emporté quelque chose ?

— Tout ce que j’ai pu.

Il haussa les épaules :

— Nous en rebâtirons une autre mieux placée.

Elle demanda à son tour :

— Tu as réussi ?

— Oui, tu vois, j’ai vu Paris et me voilà.

— On t’a donné tout cela.

Elle désignait les vêtements neufs.

— Non ! je les ai achetés. Il m’a donné deux cents louis d’or.

Elle sursauta. Certes la protection de Satan n’était pas vaine. Que de gens d’apparence bourgeoise ne possèdent point une somme pareille.

Mais qu’en ferait-on ? Car il ne pouvait s’agir d’aller demeurer en ville, ni d’acheter un petit bien. On accuserait le couple d’avoir volé son or,