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LES AMANTES DU DIABLE

— Il ne doit pas en manquer dans ce Paris.

— Oui, mais on préfère les prendre dans les bourgs et les champs. Ils sont plus obéissants…

— Alors, tu t’en es tiré ?

— Je me suis sauvé. On m’a poursuivi, mais ils n’avaient pas les jambes assez longues…

— Et puis encore ?

— Je me suis buté peu après dans une chaîne de galériens qu’on menait je ne sais où. Pour rire sans doute, mais très dangereusement, deux de ces brigands se sont écriés, en me voyant : C’est notre ami La Javelle, il faut le mettre avec nous. Arrêtez-le ! C’est trop injuste que nous voilà prisonniers et que lui, le vrai criminel, soit libre.

Ils riaient en disant cela, et me clignaient de l’œil, car je passais au bord du chemin où ils étaient arrêtés. Mais les surveillants, qui n’avaient pas beaucoup meilleure mine que leurs forçats, se sont rués sur moi…

Babet frissonna, quoiqu’elle eut devant les yeux la preuve patente que Jean s’était dérobé sans trop de mal.

— Qu’as-tu fait ?

— Morbleu, je me suis sauvé, en donnant un croc-en-jambe à l’homme qui m’arrêtait. Comme un autre me courait après et me rattrapait, je lui ai mis ma dague au ventre et il est resté là…

— C’est tout ?

— Non ! trois mauvais garçons me prenant pour