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être des confessions trop définies. Et pourquoi ? Parce qu’il voit en chacune d’elles, et même dans la plus large, une limitation, — limitation du cœur, limitation de l’esprit, — tandis que dans chaque ordre son âme d’artiste demande l’illimité ! L’auteur des Fleurs du Mal sentait cela mieux que personne, lui qui a écrit dans son Hymne à la Beauté :

Que tu viennes du ciel ou de l’enfer, qu’importe !
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton œil, ton souris, ton pied m’ouvre la porte
De l’Infini que j’aime et n’ai jamais connu ?


lui qui a répété aux derniers vers de son livre ce même désir de

Plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel, qu’importe !
Au fond de l’inconnu, pour trouver du nouveau !

Mais ce même homme, ce même poète a fait entrer ailleurs dans une définition de la Beauté « quelque chose d’ardent et triste, des besoins spirituels, des ambitions ténébreusement refoulées, l’idée d’une puissance grondante et sans emploi… » Et dans ces mots, qui pourraient servir à caractériser les œuvres les plus hautes de l’esprit humain, d’Eschyle à Michel Ange et de Dante à Beethoven, se trouve défini, mieux que nulle part ailleurs en effet, ce qu’on pourrait appeler : la Beauté dans la Grandeur.

« Des besoins spirituels et des grondements de génie captif, » c’est aussi ce que nous cher-