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LUDWIG VAN BEETHOVEN

XIVe Quatuor, op. 131, composé en 1826. — Celui-ci mérite attention, car sa conception et la forme qui s’ensuit sont absolument nouvelles, et ne présentent le type-sonate que dans un seul morceau sur six. L’architecture de ces six parties, qui se jouent sans interruption, est surprenante par son merveilleux équilibre, établi selon la formule de cadence de la tonalité d’ut dièze mineur[1] Une fugue, régulièrement bâtie, dont le sujet est presque classique, mais dont les développements magnifient singulièrement la signification, en forme le majestueux portique. — Ensuite, comme s’il voulait présenter en ce quatuor un historique des anciennes formes, Beethoven fait revivre, d’une façon charmante, le type-Suite, dans l’alerte Vivace en — Après un récit initiateur, l’Andante dialogué, en la majeur, expose son thème qui engendre sept variations fort curieuses. Ces variations sont disposées de telle sorte que le thème, pendant la première moitié du morceau, paraît se figer peu à peu (s’il est permis d’employer pareille comparaison) jusqu’à donner l’impression de l’immobilité complète… Rappelé à la vie par un nouveau récitatif, il ressuscite, comme à regret, terminant le morceau en quelques soupirs. — Après un long et joyeux scherzo en mi, une phrase de lied en sol dièze mineur, profondément émue, prépare la venue du victorieux finale, qui est, enfin ! en forme premier-mouvement et qui ramène mélodiquement le sujet de la fugue initiale.

XVe Quatuor, op. 132, composé en 1825, terminé en

  1. Voici, pour ceux des lecteurs qui ont étudié les artifices harmoniques, l’état de cette formule : 1 : Tonique, 2 : Sous-dominante, 3 : Rel. de sous-dom., 4 : Relatif, 5 : Dominante, 6 : Tonique.