Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/154

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le poète s’intéresse à tout l’ensemble des polythéismes naturalistes, rattachés à celui de la Grèce par le « lien des traditions communes »[1], comme la religion védique et les autres cultes indo-européens (ceux des Celtes et des Scandinaves), ou simplement par la ressemblance des caractères généraux. Il les aimera tous, comme élant le « paradis païen »[2] de l’homme primitif, la création spontanée de la nature humaine que rien n’est encore venue fausser. Par delà le christianisme et les religions ascétiques de l’inde, produits tardifs de l’esprit humain se défendant contre le mal de vivre, son souvenir remonte aux « premiers Dieux »[3].

Le caractère essentiel qui rapproche toutes ces religions, c’est d’être, à leur origine, des cultes de la nature : leurs divinités sont les forces et les aspects de la nature personnifiés. Cette idée, qui pour d’autres pouvait n’être qu’un lieu commun, une chose

  1. Ce mot, qui est dans la préface aux Poèmes et Poésies, s’y applique aux Grecs et aux Hindous ; mais ailleurs aussi, Leconle de Lisle appuie sur cette communauté d’origine. Dans le Massacre de Mona, la description des premiers siècles contient des traits parement orientaux (des lotus, p. 119), et il s’agit des Celtes de Bretagne. À remarquer aussi la tradition du déluge qui revient dans le Massacre, dans Khiron, la Légende des Nornes, et même dans Bhagavat.
  2. Hélène (celle de la Phalange).
  3. Dies Iræ.