Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/65

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son espoir d’un bonheur social futur a pour base la confiance en cette bonté de la Providence[1]. Dans cette phrase : « Confions-nous en Dieu, et ne le blasphémons pas en doutant de sa sagesse et de sa bonté »[2], c’est peut-être déjà un accent fouriériste que nous entendons. Car, dès le début, ce qui le tente surtout dans le fouriérisme systématique (je ne parle pas de l’esprit général, socialiste), ce sont les principes, les fondements théoriques de la doctrine[3]. Sa profession de foi, la voici : « Nous le

  1. Bourgin, op. cit., p. 196 : « S’il est absurde de ne pas croire en Dieu, il n’est pas moins absurde d’y croire à demi, de penser que sa providence n’est que partielle, qu’il a négligé de pourvoir à nos besoins les plus urgents, comme celui d’un ordre social qui fasse notre bonheur ». [Théorie de l’unité universelle, t. I. avant-propos, p. 76] ; p. 197 : « C’est vraiment par l’harmonie sociétaire que Dieu nous manifeste l’immensité de sa providence. » [Nouveau Monde, p. 380.] Parmi les opinions qui, après la mort de Fourier, contribuent à rapprocher ses disciples et à en former une école malgré de nombreuses divergences de vues, Bourgin cite, page 458, en première ligne « la croyance à une divinité ordonnatrice et providentielle ».
  2. Leblond, p. 156. Lettre écrite quand il avait déjà reçu les propositions de l’École.
  3. Revue bleue, 10 juillet 1897, même lettre que ci-dessus : « Mes convictions ne sont pas partaitement identiques aux leurs… Je partage entièrement certains principes de l’école sociétaire et je ne suis en dissidence avec elle qu’à l’endroit des conséquences arbitraires qu’elle déduit, faussement à mon avis, de ces mêmes principes. »