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MOU MOU


sant à plusieurs reprises dans le creux, afin de lui donner une épaisseur égale par-tout.

Pour que la cire ne se déjette pas, on coule ordinairement un noyau de plâtre par-derrière.

Ces figures de cire que l’on voir par-tout, & qui ne sont, pour l’ordinaire, qu’ébauchées d’un assez mauvais goût, se font à peu-près de cette manière, à l’exception du noyau dont elles manquent toujours.

L’opération finit par la pose des yeux d’émail.

On peut aussi mouler sur nature, des animaux, des fleurs, &c.

Voici une méthode aisée pour mouler les choses les plus délicates, telles, par exemple, qu’une fleur.

On prend un vase un peu plus haut que la fleur, on l’attache simplement au fond avec un morceau de cire à modeler, on remplit le vase d’eau jusqu’à une certaine hauteur, & l’on coule dans ce liquide du plâtre fin sans l’agiter ; il faut que le plâtre surmonte la fleur & la couvre entièrement.

Lorsqu’il est bien dur, on casse le vase pour en retirer le moule d’un seul morceau, on le partage ensuite en deux ou quatre pièces, afin de pouvoir retirer la fleur par morceaux en faisant recuire le creux.

Les feuilles qui restent dedans se sèchent & sont faciles à détacher.

On coule après cela de l’étain rouge, c’est à-dire très-chaud, dans le moule, ayant soin d’y pratiquer des ouvertures pour donner une issue à l’air, afin que tout se remplisse : si le moule est bien net, la fleur se trouve rendue au naturel.

On se servoit autrefois, pour les ornemens des tables, de fruits & de fleurs coulés en cire ; mais la mode en est passée en France, & ne s’est conservée qu’en Italie, où l’on voit des tables servies en fruits de différentes espèces, tous en cires colorées.

Ces moules se font ordinairement en deux coquilles, & l’on ne coule pas la cire dedans qu’ils ne soient bien durcis.

Lorsque les artistes veulent conserver la forme d’une fleur, ils la plongent dans de la cire tiède à y pouvoir tenir le doigt : il se forme alors une petite couche dessus la fleur, qui la conserve, & n’empèche pas d’en apercevoir à peu-près toutes les formes.

On peut aussi mouler sur nature avec de la cire.

Si c’est, par exemple, sur une main, on la plonge à plusieurs reprises dans la cire chaude, & on lui donne par ce moyen telle épaisseur que l’on veut : on recouvre le tout ensuite avec du plâtre pour maintenir la cire, & on ouvre le creux comme celui qui n’est fait qu’en plâtre.

Après avoir coulé dans ce creux, on ôte la cire qui peut servir à d’autres usages.

Manière de couler à bon creux sur la terre molle.

Quand le sculpteur a fini son modèle en terre molle, il le confie au mouleur, dont le travail influe beaucoup sur le mérite du sien ; car le moindre défaut d’attention ou d’intelligence de la part du second, peut ôter tout le prix de l’ouvrage du premier.

Il s’agit de mouler ce modèle à bon creux tandis qu’il est frais, parce qu’en séchant, les parties se retirent & s’amaigrissent.

On appelle bon creux celui duquel on peut retirer plusieurs plâtres, comme celui du petit modèle de la statue équestre de Louis XV, par M. Pigalle. Ce creux a été fait par le sieur Pomel ; on peut le regarder comme un des bons dans ce genre : il en est sorti plus de cent plâtres tous également bien faits.

Supposé qu’on veuille mouler la Vénus de Médicis, dont le modèle soit en terre molle ; on choisit cette figure en particulier, parce qu’elle est connue, soit en grand, soit en petit : on commence d’abord par faire les coupes des bras avec un fil de fer ou de laiton fort mince, & avec un ébauchoir on trace deux lignes appelées repaires sur la coupe, afin de pouvoir rapporter les parties avec précision lorsqu’elles seront moulées.

Le bras séparé du corps, on le pose sur une planche où l’on met en plusieurs endroits des morceaux de terre molle huilée, afin que la terre du bras qui est molle ne s’attache pas à la planche, ni à la terre sur laquelle il doit être placé : on fait ensuite des portées de terre aux endroits où se trouvent terminées les pièces. Elles se font ordinairement en quatres parties, d’une extrémité à l’autre du bras : les petites pièces pour les doigts doivent se renfermer dans les grandes.

Lorsque les creux sont faits, on retire les pièces de dessus la terre, & on les rassemble afin de les lier, pour que le creux ne se tourmente pas.

Le second travail a pour objet le grand creux de la figure, qui doit être en deux assises de niveau.

La première se fait depuis la plinthe jusqu’à la moitié des cuisses ; de là, la seconde s’étend jusqu’aux épaules : on moule, si l’on veut, la tête séparément pour pouvoir remuer le creux avec plus de facilité.

Comme cette figure est nue, les pièces doivent être plus grandes que pour une figure ornée de draperies.

On commence donc les pièces par les fonds, & toujours par le bas de la figure. Il faut marquer avec un petit morceau de terre l’endroit où l’on doit mettre la pointe du couteau ou d’un outil, pour faire quitter la pièce lorsque le plâtre est coulé, évitant, autant que cela est possible, de tailler les pièces à angles trop aigus : la poussée du plâtre les feroit casser, & l’on ne pourroit pas en retirer beaucoup de copies.

La façon de tailler ces pièces est à angles droits, autant que la forme du creux le permet.

On peut retirer la pièce pour la tailler à la main, & c’est la meilleure manière, sur tout pour les petites pièces.