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Il faut aussi mettre des annelets dans les pièces des fonds, afin de pouvoir les retirer avec les pinces ; on les attache aux chapes dans certains cas.

Il y a même des creux dans lesquels toutes les pièces font attachées : on peut alors tourner les creux lorsque le plâtre est coulé.

C’est la façon ordinaire des mouleurs Italiens, & de-là vient qu’ils font des figures si minces.

Pour bien raisonner les pièces d’un moule, il faut se les figurer déjà faites sur le modèle à la place qu’elles occuperont dans le moule : sans cette étude préparatoire, une pièce entraîne l’autre.

Si au contraire les pièces ont été bien jugées, elles se tiennent d’elles-mêmes, de façon que lorsque l’on coule le plâtre, rien ne se dérange.

Quand on aura fait plusieurs pièces dans un fond de draperie, on en formera une seule pour recouvrir toutes les autres ; ce qui donnera une très-grande facilité pour imprimer le plâtre dans le creux.

Certains mouleurs n’ayant pas assez d’intelligence pour prévoir les difficultés qui doivent suivre leur opération, croient leur objet rempli lorsque le modèle est couvert entièrement de pièces mises au hasard, & s’embarrassent très-peu de l’endroit où se trouvent les jointes desdites pièces.

Il faut, pour règle générale, que toutes les coutures se trouvent sur la même ligne, & sur les endroits les plus faciles à réparer.

Ce seroit en effet une grande mal-adresse de faire passer la couture dans le milieu d’un œil.

On observera, en faisant les pièces sur le visage d’une figure, de placer la couture précisément sur le milieu du nez, & les autres en suivant.

La couture de la mâchoire inférieure sur les endroits les plus saillans de l’os.

Pour un bras, une jambe, &c. l’on doit suivre de même les endroits les plus élevés.

Rien ne peut dispenser de cette attention dans les figures de ronde-bosse.

Lorsque toute la figure est couverte de pièces jusqu’à la hauteur de la première assise, on fait des hoches ou marques arbitraires pour reconnoître leurs places, en les montant dans la chape, ensuite on huile tout, & on fait les chapes avec du gros plâtre gâché bien également.

Quand il est en état d’être employé, l’on commence à bâtir la chape par les bras, comme si l’on élevoit un mur, en observant que l’épaisseur soit égale par-tout : autrement elle voileroit.

On met pour plus grande solidité une armature de fer formée par des tringles de fantons doux, pliées & contournées suivant la forme du moule.

Lorsque les chapes font faites, il faut les lier fortement avec de bons cordages, & construire l’autre assise avec les mêmes soins.

On peut cependant, dans les figures nues, faire ce qu’on appelle pièces & chapes aux endroits du corps dont la dépouille est aisée ; c’est-à-dire que la pièce doit avoir autant de force & d’épaisseur que si elle étoit recouverte d’une chape dont elle tient lieu.

Lorsqu’on doit conserver le modèle en terre, c’est-à-dire, lorsqu’on veut la faire cuire, il faut défaire les chapes & les pièces avec soin, & pendre garde de ne rien arracher.

Ne veut-on pas attendre que le creux soit durci ? on peut couler un plâtre tout de suite ; mais alors on monte le moule en arrangeant les pièces dans les chapes.

Pour celle de derrière, qui doit recouvrir l’autre, on attache les pièces, de crainte qu’elles ne s’échappent, avec des ficelles passées dans les annelets à travers la chape.

On se sert ordinairement de petits morceaux de bois pour arrêter les ficelles.

Quant aux pièces de la chape du devant, on se contente de les arrêter avec du sain-doux, afin qu’elles ne quittent pas leurs places.

En appliquant le plâtre, chaque pièce doit être jugée de dépouille avant que d’être placée ; mais si l’on aperçoit quelque chose qui y mette obstacle, il faut la couper sans endommager les formes.

Il faut même, pour que le creux foit bien fait, que l’on ne soit point obligé de recourir à cette méthode, qui souvent rend le plâtre très-différent de l’original sur lequel on a fait le moule.

Tout étant ainsi disposé, l’on passe de l’eau de savon claire dans le creux pour en imbiber les pores du plâtre.

On met ensuite une couche d’huile d’œillet, dans laquelle on aura fait fondre un peu de suif, ayant soin de n’y point laisser d’épaisseur, parce qu’elle rendroit le plâtre flou & altéreroit le modèle.

On détrempe du plâtre fort clair pour en imprimer le creux avec une brosse douce à longs poils, afin d’en remplir exactement toutes les concavités, & d’empêcher la formation des vents, défaut très-difficile à éviter lorsque l’on coule dans un creux tout frais.

La première couche de plâtre fin mise également par-tout, on la renforce avec une autre de gros plâtre.

On rassemble les deux chapes l’une sur l’autre en observant de bien nettoyer les coupes, & de remplir les vides des joints au-dedans du creux, afin que le tout ne fasse qu’un seul corps.

Lorsque le plâtre est bien pris, on détache les cordages qui retiennent les chapes & les ficelles qui sont attachées aux pièces ; vous retirez alors les chapes, qu’on pose dans un endroit sec : elles ne doivent pas porter à faux, car elles se voileroient ; on ôte ensuite les pièces de dessus le plâtre, en commençant par celles qui ont été faites les dernières.

A mesure qu’on les retire, on les met sur des planches ou sur des claies pour les faire sécher, afin de pouvoir les durcir, & en retirer dans la suite autant de plâtres qu’on jugera à propos.

Voici la manière de durcir les creux.

On fait sécher toutes les pièces, grandes ou peti-