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8a

A M.E

AME

de .Descartes ;, si Ton n’avoit à leur opposer que ia forme substantielle des péripatéticiens , qui n’efl ni esprit ni matière.. Cetfe .substance mitoyenne est une chimère,-

un être de raison dont nous

n’avons ni idée ni sentiment. Est-ce donc que les bêtes auroient une ame spirituelle comme Thomme ?

Mais si cela est ainsi , leur ame sera donc inv 

mortelle Sc libre ; elles seront capables de ;mériter ou de démériter,, dignes de récompense ou de châtiment ; il leur faudra un paradis, ou un enfer. Les bêtes seront donc une espèce d’hommes, ou

les hommes une espèce de- bêtes ; toutes conséquences insoutenables dans les principes de la religion. Voilà des difficultés à-étonner ks esprits les plus hardis, mais dont on trouve le dénouement dans le fystême de notre Jésuite. En effet, pourvu que Ton.se prête à cette supposition, que Dieu a logé des démons dans le corps des bêtes , on.conçoit fans peine.-comment ks bêtes peuvent penser, connoître ,• sentir, Se avoir une ame spirituelle,

sans intéresser les dogmes de la religion. Cette supposition n’a rien d’absurde ; elle coule même des principes de la religion. Car enfin , puisqu’il est prouvé , par plusieurs passages de TE7 çriture, que les démons ne souffrent point encore toutes les peinesde !’enfer,8equ’i !sn’y seront livrés

qu’au jour du jugement dernier , quel meilleur usage la justice divine pouvoit-elle faire de tant de légions d’esprits réprouvés 3 que d’en faire servir une partie à animer des millions de bêtes de toute espèce, lesquelles remplissent Tunivers, 8e font admirer la sagesse 8e la toute-puissance du Créateur ? Mais pourquoi les bêtes , dont Yame vraisemblablement

est plus parfaite que la nôtre, n’ont-elles pas tant d’esprit que nous ? Oh ! dit le P. Bougeant, c’est que, dans les bêtes comme dans nous , les opérations de Tefprit sont assujetties aux organes matériels de la machine, à laquelle il est uni ; Se ces organes étant dans les bêtes plus grossiers Sc moins parfaits que dans nous, il s’enfuit que la connoissance, les pensées Se toutes les opérations spirituelles des bêtes , doivent être aussi moins parfaites que les nôtres. Une dégradation si honteuse pour ces esprits superbes , puisqu’elle les réduit à n’être que des bêtes 3 est pour eux un premier effet de la vengeance divine, qui n’attend que le dernier jour pour se déployer fur eux d’une manière bien plus terrible.

Une autre raison qui prouve que les bêtes ne font que des démons métamorphosés en elles , ce sont les maux excessifs auxquels la plupart d’entr’dles sont exposées, Se qu’elles souffrent réellement. Que les chevaux sont à plaindre , disons-nous, à la vue d’un cheval qu’un impitoyable charretier accable de coups ! qu’un chien qu’on dresse à la chasse est misérable ! que le sort des bêtes qui vivent dans les bois est triste ! Or, si les bêtes ne sont pas des démons, qu’on m’explique quel crime elles ont commis pour naître sujettes à des’maux si cruels ? Cet exces de maux est dans tout autre fystême un mystère incompréhensible ; au lieu que dans k sentiment du père Bougeant, rien de plus aisé à comprendre. Les esprits rébelles méritent un châtiment encore plus rigoureux : trop heureux que leur" supplice soit différé ; en un mot, la bonté de Dieu est justifiée ; Thomme lui-même est justifié. Car quel droit au’roit-il de donner la mort sans nécessité , Sc souvent par pur divertissement,

à des millions de

bêtes, si Dieu ne Tavoit autorisé ? Se un Dieu bon Sc juste auroit-il pu donner ce droit à Thomme , puisqu’après tout les bêtes sont aussi sensibles que nous-mêmes à la douleur 8e à la mort, si ce n’étoient autant de coupables victimes de la vengeance divine ?

Mais écoutez , continue

notre philosophe ,

quelque chose de plus fort Se de plus intéressant. Les bêtes sont naturellement

vicieuses : les bêtes

carnacières 8c les oiseaux de proie sont cruels ; beaucoup d’insectes de la même espèce se dévorent les uns ks autres ; les chats sont perfides Se ingrats ; les singes sont malfaisans ; ks chiens sont envieux ; toutes sont jalouses 8c vindicatives à

Tex.cès , fans parler de beaucoup d’autres vices que nous leur connoissons. II faut dire de deux choses Tune : ou que Dieu a pris plaisir à former les bêtes aussi vicieuses qu’elles sont, 8c à nous donner dans elles des modèles de tout ce qu’il y a de plus honteux ; ou qu’elles ont comme Thomme un péché d’origine,

qui a perverti leur première

nature. La première de ces-propositions fait une

extrême peine à penser , Se est formellement contraire à TEcriture-sainte

, qui dit que tout ce qui

sortit des mains de Dieu à la création du monde.,, étoit bon Sc même fort bon. Or siks bêtes étoient telles alors qu’elles sont aujourd’hui ,

comment

pourroit-on

dire qu’elles fussent bonnes Sc fort ’

bonnes ? Où est le bien qu’un singe soit si malfaisant , qu’un chien soit si envieux, qu’un chat

soit si perfide ? U faut donc recourir à la seconde proposition , Se dire que la nature des bêtes a été comme celle de Thomme corrompue par quelque péché d’origine 5 autre supposition qui n’a aucun fondement, Se qui choque également la raison Sc la religion. Quel parti prendre ? Admettez le fystême des démons changés en bêtes, tout est expliqué. Les âmes des bêtes sont des esprits rébelles qui se sont rendus coupables envers Dieu. Cé péché dans les bêtes n’est point un péché d’origine ; c’est un péché personnel qui a corrompu ; Se perverti leur nature dans toute fa substance r. de là tous les vices que nous leur connoissons. Vous êtes peut-être inquiet de savoir quelle est la destinée des démons après la mort des bêtes. Rien de plus aisé que d’y satisfaire. Pythagore enscignoit autrefois qu’au moment de notre more nos

«ww^passent.dans un corps, soit d’homme., soit de bête.,

pour recommencer,

une nouvelle

vie , S : toujours ainsi successivement jusqu’à la. Sa