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AIR
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un tel eſpace, que ſon élaſticité qui réagit contre le poids qui le comprime, ſoit égale à ce poids.

En effet, la loi de l’élaſticité eſt qu’elle augmente à proportion de la denſité de l’air, & que ſa denſité augmente à proportion des forces qui le compriment. Or, il faut qu’il y ait une égalité entre l’action & la réaction ; c’eſt-à-dire que la gravité de l’air qui opère ſa compreſſion, & l’élaſticité de l’air qui le fait tendre à ſa dilatation, ſoient égales. Voyez Denſité, Réaction &c.

Auſſi l’élaſticité augmentant ou diminuant généralement à proportion que la denſité de l’air augmente ou diminue, c’eſt-à-dire, à proportion que l’eſpace entre ſes particules diminue ou augmente, il n’importe que l’air ſoit comprimé & retenu dans un certain eſpace par le poids de l’atmoſphère, ou par quelque autre cauſe ; il ſuffit qu’il tende à ſe dilater avec une action égale à celle de la cauſe qui le comprime. C’eſt pourquoi ſi l’air voiſin de la terre eſt enfermé dans un vaiſſeau, de manière qu’il n’ait plus du tout de communication avec l’air extérieur, la preſſion de cet air enfermé ne laiſſera pas d’être égale au poids de l’atmoſphère. Auſſi voyons-nous que l’air d’une chambre bien fermée ſoutient le mercure dans le baromètre, par ſa force élaſtique, à la même hauteur que ſeroit le poids de l’atmoſphère. Voyez l’article Élasticité.

Suivant ce principe, on peut par de certaines méthodes condenſer l’air. Voyez Condenſation.

C’eſt ſur ce même principe qu’eſt fondée la ſtructure de l’arquebuſe-à-vent, Voyez Fusil-à-vent.

L’air peut donc être condenſé : mais juſqu’à quel point le peut-il être, ou à quel volume eſt-il poſſible de le réduire en le comprimant ? Nous n’en connoiſſons point encore les bornes. M. Boyle a trouvé le moyen de rendre l’air treize fois plus denſe en le comprimant : d’autres prétendent l’avoir vu réduit à un volume ſoixante fois plus petit. M. Hales l’a rendu trente-huit fois plus denſe à l’aide d’une preſſe, mais en faiſant geler de l’eau dans une grenade ou boulet de fer, il a réduit l’air en un volume 1 838 fois plus petit, de ſorte qu’il doit avoir été plus de deux fois plus peſant que l’eau ; ainſi comme l’eau ne peut être comprimée, il s’enſuit de-là que les parties aériennes doivent être d’une nature bien différente de celles de l’eau : car autrement on n’auroit pu réduire l’air qu’à un volume 800 fois plus petit ; il auroit alors été préciſément auſſi denſe que l’eau, & il auroit réſiſté à toutes ſortes de preſſions avec une force égale à celle que l’on remarque dans l’eau, Muſſch.

M. Halley aſſure dans les Tranſactions philoſophiques, en conſéquence d’expériences faites à Londres, & d’autres faites à Florence dans l’académie del Cimento, qu’on peut en toute ſûreté décider qu’il n’y a pas de force capable de réduire l’air à un eſpace 800 fois plus petit que celui qu’il occupe naturellement ſur la ſurface de notre terre. Et M. Amontons combattant le ſentiment de M. Halley, ſoutient dans les mémoires de l’académie royale des ſciences, qu’on ne peut point aſſigner de bornes préciſes à la condenſation de l’air ; que plus on le chargera, plus on le condenſera ; qu’il n’eſt élaſtique qu’en vertu du feu qu’il contient ; & que comme il eſt impoſſible d’en tirer tout le feu qui y eſt, il eſt également impoſſible de le condenſer à un point au-delà duquel on ne puiſſe plus aller.

L’expérience que nous venons de rapporter de M. Hales, prouve du moins que l’air peut être plus condenſé que ne l’a prétendu M. Halley. C’eſt à l’élaſticité de l’air qu’on doit attribuer les effets de la fontaine de Hiéron, & de ces petits plongeons de verre, qui étant enfermés dans un vaſe plein d’eau, deſcendent au fond, remontent enſuite, & ſe tiennent ſuſpendus au milieu de l’eau, ſe tournent & ſe meuvent comme on le veut. C’eſt encore à cette élaſticité que l’on doit l’action des pompes à feu. Voyez Fontaine & Pompes.

L’air, en vertu de ſa force élaſtique, ſe dilate à un point qui eſt ſurprenant ; le feu a la propriété de le raréfier conſidérablement. L’air produit par cette dilatation a le même effet que ſi ſa force élaſtique augmentoit ; d’où il arrive qu’il fait effort pour s’étendre de tous côtés. Il ſe condenſe au contraire par le froid ; de ſorte qu’on diroit alors qu’il a perdu une partie de ſa force élaſtique. On éprouve la force de l’air échauffé, lorſqu’on l’enferme dans une phiole mince, ſcellée hermétiquement, & qu’on met enſuite ſur le feu ; l’air ſe raréfie avec tant de force, qu’il met la phiole en pièces avec un bruit conſidérable. Si on tient ſur le feu une veſſie à demi ſoufflée, bien liée & bien fermée, non-ſeulement elle ſe gonflera par la raréfaction de l’air intérieur, mais même elle crèvera. M. Amontons a trouvé que l’air rendu auſſi chaud que l’eau bouillante, acquéroit une force qui eſt au poids de l’atmoſphère, comme 10 à 33, ou même comme 10 à 35, & que la choſe réuſſiſſoit également ſoit qu’on employât pour cette expérience une plus grande ou une plus petite quantité d’air. M. Hawksbée a obſervé en Angleterre, qu’une portion d’air enfermée dans un tuyau de verre lorſqu’il commençoit à geler, formoit un volume qui étoit celui de la même quantité d’air dans la plus grande chaleur de l’été comme ſix à ſept.

Lorſque l’air ſe trouve en liberté, & délivré de la cauſe qui le comprimoit, il prend toujours une figure ſphérique dans les interſtices des fluides où il ſe loge, & dans leſquels il vient à ſe dilater. Cela ſe voit lorſqu’on met des fluides ſous un récipient dont on pompe l’air : car on voit d’abord paroître une quantité prodigieuſe de bulles d’air d’une petiteſſe extraordinaire, & ſemblables à des grains de ſable fort menu, leſquelles ſe diſperſent dans toute la maſſe du fluide & s’élèvent en-haut. Lorſ-