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taine hauteur. Or, qui fait remonter lentement cette goutte, malgré son poids ? Qui la ſoutient au-deſſus de l’angle vuide où elle étoit auparavant deſcendue ? Quel fluide produit cet effet ? L’attraction cherche à arrondir la goutte, les parties entrées dans l’angle, plus attirées par la goutte que par le verre, remontent, & ce mouvement ne ceſſe que lorſque la goutte eſt à une hauteur qui lui permet de conſerver ſa rondeur. »

Les phénomènes nombreux qu’offrent les tubes capillaires, & qui ont beaucoup de rapport avec quelques-uns de ceux dont on vient de parler, ſont encore de fortes preuves de l’attraction. Voyez Tubes capillaires.

Mettez ſur la ſurface de l’eau dans différens vaſes à large ouverture pluſieurs corps légers des fœtus de paille, des morceaux de bois, des aiguilles ou fils métalliques très-minces, de différens métaux même des petites lames de métal très-minces, &c. on les verra bientôt s’attirer, ſe mouvoir, s’arranger de diverſes manières ; & malgré la réſiſtance du flottement à la ſurface du liquide, ſe chercher & ſe réunir par les côtés qui offrent un plus grand contact. J’ai vu ſouvent même des cygnes d’émail, mis ſur la ſurface de l’eau, ſe réunir au bout de quelque temps, malgré la grandeur de leur volume qui devoit éprouver une plus grande réſiſtance à diviſer le milieu denſe qui les ſéparoit. Mais de toutes ces expériences, celles qui réuſſiſſent plutôt & toujours ſurement, c’eſt celle de deux petites aiguilles de cuivre qui ſe rapprochent l’une de l’autre par un mouvement accéléré ; de ſorte qu’étant à environ deux lignes de diſtance, elles ſe précipitent l’une ſur l’autre avec une grande vîteſſe, & s’uniſſent enſuite ſelon une ligne parallèle.

L’impartialité qui doit diriger tous ceux qui cultivent les ſciences de bonne foi, exige que nous diſions ici que M. Monge a donné dans les mémoires de l’académie des ſciences, pour l’année 1787, un mémoire ſur quelques effets d’attraction ou de répulsion apparente entre les molécules de matière. Il y a fait voir que les molécules par lesquels certains petits corps s’approchent ou s’écartent, ne ſont point les effets d’une attraction ou d’une répulſion immédiate, mais que ces mouvemens ſont produis, les uns par des preſſions & les autres par des attractions étrangères.

Si ſur la ſurface d’une eau tranquille, dit ce phyſicien, on place deux corps légers qui ſurnagent, & ſoient tous deux ſuſceptibles d’être mouillés par l’eau, & que ces corps ſoient abandonnés à eux-mêmes & ſans mouvement, à quelques pouces l’un de l’autre, ils reſtent en repos, & ils ne prennent de mouvement que celui qu’ils peuvent recevoir de l’agitation de l’air ; mais ſi on les place à quelques lignes ſeulement de diſtance, & qu’on les abandonne, on les voit ſe porter l’un vers l’autre d’un mouvement accéléré : on ne peut enſuite les ſéparer ſans vaincre une réſiſtance ſenſible, & toutes les fois qu’on les abandonne de nouveau, ils ſe précipitent l’un vers l’autre. Autrement, ſi les parois du vaſe dans lequel on fait l’expérience, ſont de nature à être mouillés par l’eau, ſi elles ſont de verre par exemple, & que la ſurface de l’eau s’élève tout autour, & qu’un globe de liège ſoit abandonné à lui-même & ſans mouvement au milieu de la ſurface de l’eau, ce globule reſte en repos ; mais ſi on l’approche à quelque ligne de diſtance de la paroi du vaſe, & qu’on l’abandonne, il ſe porte d’un mouvement accéléré vers cette paroi, à laquelle il adhère, & dont on ne peut enſuite le ſéparer ſans éprouver une réſiſtance ſenſible. Enfin, toutes les fois qu’après l’avoir écarté du bord à quelques lignes de diſtance, on l’abandonne, il ſe précipite de nouveau vers la paroi. Pluſieurs ont regardé ce phénomène comme l’attraction du liège pour la ſubſtance du verre, & cependant il eſt facile de démontrer que ces deux matières n’exercent l’une ſur l’autre aucune action à une diſtance ſenſible.

D’abord, continue ce ſavant phyſicien, ſi, au lieu de faire nager le globule de liège ſur la ſurface de l’eau, on le ſuſpend à l’extrémité d’un fil, même très-long, & que dans cet état on l’approche lentement du verre, à quelque petite diſtance qu’on le place de la paroi du verre, il y reſte ſans s’approcher davantage ; tandis que dans le premier cas, il commence à ſe porter vers la paroi à une diſtance beaucoup plus conſidérable. Mais ce qui prouve inconteſtablement que le verre & le liège ne s’attirent pas immédiatement dans ce phénomène, c’eſt que, quand le globule ſurnageant adhère au verre, ſi l’on verſe dans le vaſe de l’eau nouvelle pour en faire monter la ſurface, le globule s’élève & adhère toujours à la paroi, juſqu’à ce que la ſurface de l’eau ſoit à peu-près au niveau des bords ; & lorſque le vaſe eſt plus que plein, & que la ſurface de l’eau s’élevant au-deſſus du vaſe, devient convexe vers les bords, le globule fuit le vaſe d’un mouvement accéléré de moins en moins. Alors, pour approcher le globule de la paroi, il faut vaincre une petite réſiſtance, & toutes les fois qu’on l’abandonne de nouveau, il fuit & il s’élève vers le milieu de la ſurface de l’eau, malgré ſon propre poids qui s’oppoſe à ce mouvement. Ainſi, pour attribuer dans le premier cas, le mouvement du globule vers la paroi, à une attraction que leurs ſubſtances exerceroient l’une ſur l’autre, il faudroit, dans le ſecond, attribuer la fuite du globule à une répulſion que le verre exerceroit contre le liège, & admettre que les affections de ces deux matières changeroient et deviendroient contraires, ſans qu’on apperçût aucune circonſtance qui pût donner lieu à un pareil changement.

Le phénomène ſuivant eſt analogue, quoique dans des circonſtances différentes. Si, après avoir placé ſur la ſurface d’une eau tranquille deux corps qui ſurnagent, & dont un ſeul ſoit ſuſceptible d’être mouillé par l’eau, par exemple, deux globules