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AZO-AZU

dical nitrique & le radical ammoniac. L’azote eſt un des principes les plus abondamment répandus dans la nature ; combiné avec le calorique, il forme le gaz azote ou la mofète, qui forme à-peu-près les deux tiers du poids de l’atmoſphère. Il demeure conſtamment dans l’état de gaz au degré de preſſion & de température dans lequel nous vivons ; aucun degré de preſſion ni de froid n’ont encore pu le réduire à l’état liquide ou ſolide.

Les matières animales ſont eſſentiellement conſtitué par ce principe, qui en eſt un des élémens. L’Azote, dit M. Lavoiſier, y eſt combiné avec le carbone & l’hydrogène, quelquefois avec le phoſphore, & le tout eſt lié par une certaine portion d’oxygène qui les met ou à l’état d’oxide, ou à celui d’acide, ſuivant le degré d’oxygénation. La nature des matières animales peut donc varier de trois manières : 1o. par le nombre des ſubſtances, qui entre dans la combinaiſon du radical ; 2o. par leur proportion ; 3o. par le degré d’oxygénation. L’azote, combiné avec l’oxygène, forme les oxides & acides nitreux & nitriques ; combiné avec l’hydrogène, il forme l’ammoniaque ; les autres combinaiſons avec les ſubſtances ſimples ſont peu connues. On peut leur donner le nom d’azotures. L’azote ſe trouve auſſi dans les ſubſtances vegétales ; dans la décompoſition des végétaux & des matières animales, il s’unit à l’hydrogène pour former l’ammoniac.

On trouvera, à l’article Gaz azote, différentes manières d’obtenir le gaz-azote. Voyez aussi le mot Air & celui de Gaz oxygène.

Il n’y a pas long-temps que les combinaiſons de l’azote ſont connues. M. Cavendish eſt le premier qui l’ait obſervé dans le gaz & dans l’acide nitreux. M. Bertholet l’a enſuite découvert dans l’ammoniaque & dans l’acide pruſſique. Cette ſubſtance paroît un être ſimple & élémentaire. On trouvera dans le traité de chimie de M. Lavoiſier un tableau des combinaiſons binaires de l’azote avec les ſubſtances ſimples auquel nous renvoyons ces derniers objets, étant étrangers à un dictionnaire de phyſique. Il suffira de dire ſi à vingt parties & demie en poids d’azote, on ajoute quarante-trois parties & demie d’oxygène, cette proportion conſtitue l’oxide ou le gaz nitreux, & que ſi on ajoute à cette première combinaiſon trente-ſix autres parties d’oxygène, on aura l’acide nitrique, & que l’intermédiaire entre la première & la dernière de ces proportions, donne différentes eſpèces d’acides nitreux, c’eſt-à-dire, de l’acide nitrique plus ou moins imprégné de gaz nitreux.

AZU


AZURÉE. Le ciel nous paroît ordinairement de couleur azurée ; & toute couleur des corps terreſtres, ſoit qu’elle ſoit un ouvrage de la nature ou de l’art, qui lui reſſemble, eſt appelée azurée. On a été long-temps embarraſſé pour ſavoir quelle étoit la vraie cauſe de l’apparence du beau bleu de la voûte du ciel dans un temps pur & ſerein, car le ciel devroit nous paroître entièrement noir, dans tout le vaſte eſpace où on n’aperçoit point d’aſtre qui réfléchiſſe vers nos yeux des rayons de lumière ; le noir étant la privation de toute lumière ; c’eſt par cette raiſon qu’un trou très-profond ſemble noir à celui qui le regarde, parce que ce trou ne renvoie aucun degré de lumière vers l’œil, celui-ci n’en recevant que des parties environnantes.

La ſeule bonne explication qu’on puiſſe donner de ce phénomène eſt la ſuivante, fondée sur les principes de la décompoſition de la lumière dans le ſentiment de Newton. Les rayons de lumière qui viennent des astres, traverſent l’atmoſphère pour arriver jusqu’à la terre ; une partie de ces rayons eſt enſuite réfléchie par la ſurface de notre globe dans différentes parties de l’atmoſphère qui, non-ſeulement eſt compoſée d’air de divers gaz, mais encore des vapeurs aqueuſes & d’exhalaiſons de toutes ſortes. Ces différentes parties, dont l’arrangement forme une concavité d’une certaine épaiſſeur par leurs parties ſolides réfléchiſſent de nouveau ces rayons de lumière vers la terre ; mais comme les rayons hétérogènes dont la lumière eſt compoſée, ont divers degrés de réflexibilité, comme ils ont différens degrés de réfrangibilité, & que ceux qui ont moins de force & plus de réflexibilité ſont les derniers dans le ſpectre ſolaire, ſavoir, les bleus & les violets ; il s’enſuit que les quatre autres eſpèces de rayons (les rouges, les orangers, les jaunes, les verds, qui ſont moins réflectibles & qui ont plus de force, c’est-à-dire, plus de maſſe, ou peut-être plus de vîteſſe, ſelon quelques-uns) pénétrerons l’atmoſphère & continueront leur route vers le ciel, tandis que les autres ſeront réfléchis par cette même atmoſphère qu’ils n’auront pu percer vers la ſurface de la terre, & nous repréſenterons la ſurface concave de l’atmoſphère ſous une couleur mixte, compoſée de rayons bleus, indigos & violets ; mais les derniers, plus foibles, faiſant moins d’impreſſion ſur nos yeux que les bleus & les indigos, la ſenſation que ceux-ci exciterons dominera, & nous verrons au ciel où nous rapporterons cette impreſſion, une couleur bleu-indigo, ou bleu-céleſte. Ce qui confirme cette explication, c’eſt qu’une pièce d’eau, dont le fond eſt brun, paroît de couleur bleu-violet. Ajoutons, par une raiſon à-peu-près ſemblable, que l’eau de mer ſe montre ſous la couleur d’un vert clair, nommé aigue-marine.

C’eſt principalement ſur le haut des montagnes que le ciel paroît d’un bleu vif & foncé, apparence qui eſt ſans doute l’effet de la pureté de l’air, jointe à ce que la couche qui intercepte à un obſervateur l’obſcurité du ciel eſt moins épaiſſe que dans la plaine. Au bas de l’atmoſphère, la couleur de l’air eſt toujours plus ou moins affoiblie par les vapeurs qui, en même-temps, diſperſent davantage la lumière. On l’y voit preſque toujours d’un bleu très-pâle ; il devient plus foncé quand il eſt plus pur, mais il n’approche jamais de la teinte vive & foncée qu’on remarque ſur les hautes montagnes, ainſi que l’a obſervé M. de Luc. Voyez Bleu, bleu de ciel.