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ADH

circulairement ſur eux-mêmes, afin d’en chaſſer l’air interpoſé & l’excès de liniment qui ſeroit nuiſible, on les laiſſa refroidir pendant vingt-quatre heures, au bout deſquelles il fallut employer, pour les ſéparer, les poids dont les valeurs ſont exprimées dans la table ſuivante.

les cylindres. adhérence. Le poids de l’atmoſphère étant ſupprimé.
de verre, 
130 liv. 089 liv.
de ſimilor, 
150 109
de cuivre jaune, 
200 159
d’argent, 
125 084
d’acier trempé, 
225 184
de fer mou, 
300 259
d’étain, 
100 059
de plomb, 
275 231
de zinc, 
100 059
de biſmuth, 
150 109
de marbre blanc, 
225 184
de marbre noir, 
230 189
d’ivoire, 
108 067

En conſidérant cette table, on voit que deux cylindres de verre, par exemple, de même ſurface, un jour après avoir été enduits de graiſſe, ont adhéré entr’eux avec une force de 130 livres, puiſqu’il a fallu employer un poids de cette valeur pour les ſéparer. Mais comme la peſanteur de l’air, qui, dans cette circonſtance, étoit d’environ 41 livres, a contribué, par ſa preſſion, à appliquer ces ſurfaces l’une contre l’autre, il s’enſuit qu’il faut retrancher la valeur du poids de l’air, pour eſtimer avec préciſion la force d’adhérence. C’eſt ce qu’on a fait dans la troiſième colonne, où on voit 89 livres, excès de 130 ſur 41. La force d’adhérence de deux cylindres de verre, du diamètre déſigné ci-deſſus, doit donc être évaluée à 89 livres peſant. Cette explication ſuppoſée, il ſera aiſé de comparer entr’elles les différentes forces d’adhérence, des divers cylindres contenus dans la table.

On obſervera que ſi l’enduit de matière graſſe eſt trop épais, l’adhérence eſt moins forte, parce qu’alors elle n’eſt que le produit de l’attraction des parties de la graiſſe entr’elles. Si, au contraire, cet enduit eſt léger, mais ſuffiſant pour remplir les intervalles qui ſont entre les éminences, l’adhérence eſt le réſultat de l’attraction des parties de l’enduit entr’elles, de l’attraction des aſpérités, ſoit entr’elles, ſoit avec les molécules de l’enduit. On remarquera encore que ſi les cylindres mis en expérience ne ſont pas tirés ſelon une direction perpendiculaire, comme nous l’avons ſuppoſé dans les expériences précédentes, mais dans une direction parallèle à leurs ſurfaces, ils pourront être ſéparés par une force de beaucoup moindre que celle qui a été aſſignée, & ſeulement égale à celle qui eſt ſuffiſante pour vaincre le frottement de ces ſurfaces, Voyez l’article Frottement.

Nous avons dit précédemment qu’on avoit échauffé tous les cylindres par le moyen de l’eau bouillante ; cette chaleur étant beaucoup inférieure à celle de la graiſſe bouillante, Muſſchenbroeck imagina de les tremper dans cette matière pour connoître les nouveaux réſultats qu’on pourroit obtenir. L’expérience montra la réalité de ſes conjectures. Les pores des ſurfaces ayant été plus dilatés par une chaleur ſupérieure, & la graiſſe étant mieux fondue & plus profondément inſinuée dans les cavités formées par les différentes aſpérités, les points de contact furent plus multipliés, ainſi que les forces attractives ; & la cohérence augmenta dans la même proportion.

les cylindres. adhérence. Le poids de l’atmoſphère étant déduit.
de verre, 
300 liv. 259 liv.
de ſimilor, 
800 759
de fer, 
950 909
de cuivre jaune, 
850 809
d’argent, 
250 209
de marbre blanc, 
600 559

En comparant cette table à la précédente, on verra que l’adhérence, dans le premier cas, étoit de 130 livres, & dans le ſecond de 300 ; & qu’après avoir retranché, de part & d’autre, le poids de la colonne d’air qui eſt 41, il reſtera 89 & 259 pour l’adhérence proprement dite, & ainſi des autres. De ces expériences on ne peut s’empêcher de conclure que la température de l’atmoſphère a une influence marquée ſur l’adhérence des ſurfaces, principalement quand elles ont été enduites.

Rien n’eſt plus aiſé que de varier ces ſortes d’expériences, en les faiſant avec des enduits froids, ou à différens degrés de chaleur intermédiaires entre ceux qui ont été employés ci-deſſus, en ſe ſervant de divers liquides gras ou non-huileux, en les combinant entr’eux de différentes manières, &c, en les preſſant plus ou moins, en les laiſſant plus ou moins refroidir. Muſſchenbroeck (tome II, pag. 68) rapporte quelques-unes de ces variétés. Les graiſſes, la cire, la poix interpoſées reſtant encore liquides, la cohéſion eſt moins forte que lorſque ces matières ont eu le temps de ſe refroidir & de ſe durcir ; les graiſſes qui ſe durciſſent peu par le refroidiſſement, comme la graiſſe humaine, par exemple, ne produiſent qu’une foible adhéſion.

On ne ſauroit cependant diſconvenir que, dans les expériences dont nous venons de parler, il n’y ait un effet qui dépend du frottement des parties. La plupart des ſurfaces des corps, quelque polies qu’elles ſoient, ſont hériſſées d’aſpérités & conſéquemment de cavités. Lorſque deux ſurfaces ſont appliquées l’une ſur l’autre, pluſieurs aſpérités s’engrènent dans les cavités, & contribuent, par l’eſpèce de frottement qui en réſulte, à retenir adhérentes les ſurfaces des corps. Ainſi le frottement des aſpérités eſt une des cauſes de l’adhérence des