Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/132

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A la vérité, il n’est pas armé ; il n’est pas fédéré avec d’autres ; il n’a pas d’enfants, ni de serviteurs ; il n’a pas de terre qu’il remue à son gré ; mais encore il a une volonté dont il dispose et une chambre où il ne permet pas qu’on gouverne et qu’on déplace les meubles. Il est un très petit État dans l’État. Ce ne devrait pas être permis. Abolissez la liberté individuelle.

Et c’est bien pour cela que les socialistes, qui sont les plus logiques des hommes, sont à peu près aussi ennemis de la famille que de la liberté individuelle, et de la liberté individuelle que de la propriété.

Tout pour l’État, tout par l’État, l’État partout.

Et tout ce qui n’est pas l’État et ne veut pas être absolument confondu en lui et absorbé en lui est accusé d’être et de vouloir être un État dans l’État ou plutôt un État hors de l’État.

Rendons aux mots leur sens exact. Toute association qui ne s’occupe pas des fonctions naturelles de l’État, toute association qui ne prétend point s’occuper ni de police ni de défense, toute association qui n’est pas armée, toute association qui n’a aucun de ces caractères, est légitime tout autant que la liberté individuelle, que la famille, que la propriété ; elle n’empiète nullement sur les droits rationnels et raisonnables de l’État ; elle n’est pas nuisible à la nation, elle lui est souvent utile ; elle lui est toujours utile en ce sens que ce qui serait à