Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/257

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qui est mon idéal, à moi égalitaire, a combattu le Christianisme pour cela, par instinct d’égalité et volonté très arrêtée qu’il y eût un niveau au-dessus duquel personne, si ce n’est lui et ses fonctionnaires, ne s’élevât. Des individus et César servi par ses agents ; et rien de plus. Or, d’un côté, ces gens qui n’adorent pas Jupiter qui est le Dieu de César et qui se font un culte particulier, se mettent à part dans la cité ; et se mettre à part c’est toujours faire de l’aristocratie ; c’est toujours attirer vers soi les yeux de ceux qui ne sont pas contents du gouvernement et constituer un groupe qui se sépare nettement des obéissants. Les Jansénistes du xviie siècle ont parfaitement l’opinion qu’ils sont le sel de la terre de France et qu’ils sont une élite morale. Les chrétiens du iiie siècle font de même. — D’autre part, ils se donnent des chefs à eux, des chefs particuliers qui ne sont pas des fonctionnaires de César ; et cela d’abord c’est un État dans l’État, ce qui ne peut se souffrir, et ensuite c’est une aristocratie qui s’élève en pays démocratique. César ne peut pas admettre pareille chose. Avait-il raison l’Empire romain ? Il l’avait tellement que ce clergé est précisément devenu plus tard une aristocratie et la plus oppressive et la plus insolente qui ait été. Dans un État égalitaire il ne faut pas un atome de liberté religieuse. L’égalité est exclusive de la liberté religieuse.